Trahison n Deux événements survenus dans le feu de la première Guerre mondiale marqueront à jamais l'histoire du Moyen-Orient : les accords Sykes-Picot et la déclaration Balfour. Le Moyen-Orient, de par sa situation géostratégique, ses richesses inestimables et le poids de son histoire, a, de tout temps, attisé les convoitises. Située à la jonction de trois continents, la région n'a pratiquement pas connu de période de paix durable depuis l'invasion mongole et la chute de l'empire abasside au Moyen-âge. Dès le xve siècle, l'empire ottoman impose sa domination à toute la région et l'étend jusqu'aux pays du Maghreb actuel. La rivalité entre les puissances coloniales (France, Angleterre, Allemagne…) qui a abouti au déclenchement de la première Guerre mondiale au début du siècle dernier allait, certes, mettre fin à la présence turque mais plongera le monde arabe dans une tourmente sans fin. Conscients du rôle que pouvaient jouer les tribus arabes dans l'issue finale de la guerre, les Alliés font la promesse à Chérif Hussein de La Mecque un grand royaume arabe, s'il se désengageait de l'Allemagne et de la Turquie. Une promesse qu'ils ne tiendront jamais puisque la région sera divisée, en vertu d'un accord secret (les accords Sykes-Picot auxquels était associée la Russie), en zones d'influence française et anglaise. Ce n'est qu'après la révolution d'Octobre 1917 en Russie que la teneur des accords est rendue publique par les nouveaux dirigeants soviétiques. Les explications demandées par Chérif Hussein ne seront d'aucune utilité. Pire, les Anglais, cette fois pour s'assurer la neutralité des Juifs dans le conflit, leur font la promesse solennelle de leur octroyer un territoire en Palestine pour fonder leur Etat. Ce fut la fameuse «déclaration Balfour», du nom du ministre britannique des Affaires étrangères qui en a fait l'annonce le 2 novembre 1917. Une initiative qui s'avérera lourde de conséquences puisque, aujourd'hui encore, la question palestinienne continue d'empoisonner les relations internationales dans leur ensemble. La création de l'Etat d'Israël se fera en 1948 au moment où une grande partie des pays de la région avait déjà accédé à l'indépendance, tout en étant géré par des souverains inféodés aux anciennes puissances coloniales. Les révolutions nationalistes survenues dans les années 50 ont généré des régimes républicains dans de nombreux pays. Les nouveaux dirigeants, la rivalité entre l'ex-URSS et les Etats-Unis aidant, prônent une politique résolument anti-impérialiste et anti-israélienne. Mais l'espoir ne tardera pas à céder le pas à la désillusion après les défaites successives des armées arabes, notamment celle de juin 1967 qui a permis à Israël d'annexer l'intégralité des territoires palestiniens et une partie de la Syrie et de l'Egypte. L'initiative de cette dernière de négocier avec Israël en 1978 constituera un autre coup dur pour la cause palestinienne et tout le monde arabe. Entre- temps, les extrémismes, notamment le fondamentalisme islamiste, montent d'une manière inquiétante à l'ombre du musellement des libertés par les régimes totalitaires. De nombreux pays arabes en souffrent encore…