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Où va ce «cher liban»?
IL TRAVERSE UNE GRAVE CRISE
Publié dans L'Expression le 26 - 11 - 2007

Ce petit pays appelé autrefois la Suisse du Moyen-Orient a toujours été l'objet de convoitises
Le Liban, autrefois l'antique Phénicie, partage ses frontières avec deux pays, la Syrie, à l'est et Israël, au sud; il est limité par la mer Méditerranée, à l'ouest. Le Liban est fort de sa culture, de ses 18 confessions, en fait, toutes les tendances des deux religions chrétiennes et musulmanes en sus des Chaldéens, des Ismaéliens...De plus, le Liban est l'un des grands témoins de l'histoire de l'humanité: il est occupé au cours des siècles par diverses civilisations.
Il est connu que ce petit pays appelé autrefois la Suisse du Moyen-Orient a toujours été l'objet de convoitises. Ce que nous voyons aujourd'hui en termes d'ingérence pour des raisons géostratégiques plonge ses racines dans l'histoire. Ainsi, «l'attachement de la France au Liban» remonte à Saint Louis, qui, dit-on, donna sa protection aux chrétiens adeptes de l'évêque Jean Maroun du Ve siècle. Depuis, et quels que soient les gouvernements en France le Cher Liban, comme l'appelait De Gaulle, fait l'objet d'une sollicitude particulière. Pour l'histoire, les Druzes, une partie de la population du Liban, prennent les armes contre les Maronites à l'automne 1841; les Turcs interviennent et décident de supprimer l'émirat pour rétablir l'administration directe. Or, un groupe de pression parlementaire pro-maronite formé de catholiques et de légitimistes s'est créé à la faveur du renouveau catholique de la Monarchie de Juillet; le discours renvoyant la fondation des relations franco-maronites aux croisades est valorisé, pendant que le développement accéléré du réseau catholique missionnaire permet la naissance décisive du bilinguisme franco-arabe libanais, qui remet en quelque sorte la réalité au niveau de la légende de ces «Français de l'Orient».
Le compromis
Aussi, la France s'oppose à l'administration directe de la Sublime Porte et énonce le principe que les chrétiens doivent être gouvernés par des chrétiens, d'où le compromis d'un partage du Liban en deux districts, maronite au nord, druze au sud, dépendants de Constantinople et protégés respectivement par la France et l'Angleterre. Telle est la situation en 1860, année où se produit le massacre de 6000 chrétiens libanais par les Druzes avec la complicité des garnisons turques. Pour l'histoire, ce sera l'Emir Abd El-Kader qui, à la tête de ses gardes, sauva d'une mort certaine plusieurs milliers de Maronites en les soignant, nourrissant et hébergeant jusqu'à la fin des émeutes fomentées d'ailleurs par les puissances occidentales de l'époque. Napoléon III décide d'intervenir, mandaté par les puissances européennes.
Un compromis, qui permet à Constantinople de préserver son autorité, est trouvé entre les projets anglais de grande Syrie et français de petit Liban: la Montagne devient une province autonome gouvernée par un fonctionnaire chrétien non indigène dont la désignation est approuvée par six puissances européennes, pendant que l'on introduit le confessionnalisme dans la désignation des fonctionnaires locaux et des conseils de notables. Ce qui explique l'ingérence des puissances occidentales au nom de la protection des chrétiens. En 1916, les accords secrets Sykes-Picot partagent le Moyen-Orient en zones d'influence au profit du Royaume-Uni et de la France. En 1917, ce fut la déclaration de Balfour sur le «home» pour les Juifs du monde entier. Ce fut un véritable coup de poignard dans le coeur de la nation arabe. En 1920, au terme du traité de Sèvres, la Société des nations donne mandat au Royaume-Uni et à la France d'administrer les territoires enlevés à l'Empire ottoman au Moyen-Orient. Les Arabes proclament l'indépendance de la Syrie sous l'autorité de Fayçal. La France intervient militairement pour chasser Fayçal de Damas et faire reconnaître son mandat sur la Syrie. Le Liban où elle se présente en protectrice des intérêts chrétiens est séparé de la Syrie. C'est d'ailleurs à la même époque que le Koweït, la 19e province de l'Irak, fut détaché de ce pays avec, bien plus tard, les conséquences que l'on sait. En 1921, Fayçal qui s'était réfugié à Londres est placé par les Britanniques sur le trône de l'Irak. Ces trois pays restent plus que jamais au coeur de la tourmente actuelle. Le Liban est aussi un espace de tension politique et religieuse important, comme l'a montré la guerre civile due à des ingérences externes. Le Liban est une république parlementaire, régie par la Constitution du 23 mai 1926, qui a été modifiée six fois depuis, la plus importante étant les Accords de Taef qui réorganisent le partage du pouvoir entre les différentes communautés religieuses. La Constitution stipule que le président, obligatoirement maronite, est élu par le Parlement (Majlis Al Nuwab ou Chambre des députés) à la majorité des 2/3 et pour 6 ans. Ses pouvoirs ont cependant été réduits au profit du Premier ministre depuis les Accords de Taef. Ce dernier doit être musulman sunnite et est responsable devant les députés ainsi que le président de l'Assemblée nationale qui, lui, doit être musulman chiite. L'Assemblée nationale comporte 128 sièges, répartis entre chrétiens et musulmans, qui sont élus au suffrage universel direct.
Ce qui se passe maintenant est dû, là encore, à des ingérences. La France qui ne veut pas perdre pied ne veut pas lâcher le Liban. D'autant qu'après, la résolution 1701 qui a obligé la Syrie, prolongement naturel du Liban (grande Syrie), à se retirer sans gloire de la plaine de la Bekkaâ, le champ est libre pour le remodelage du Grand Moyen-Orient, but ultime de toutes les tensions actuelles, notamment celle de l'impossibilité de trouver un consensus pour la nomination d'un président de la république qui doit être chrétien - comme le Moutassaraf chrétien des années 1860 imposé à l'empire ottoman, par la France et l'Angleterre.
Ainsi, le président libanais Emile Lahoud a donc quitté le palais présidentiel à la fin de son mandat, vendredi 23 novembre à minuit, laissant le Liban en proie à une profonde crise politique, sans chef d'Etat après que le Parlement eut à nouveau échoué à élire son successeur. Pour lui, le gouvernement de M.Siniora «est illégal et inconstitutionnel, quoique l'Amérique et la France et d'autres disent» Emile Lahoud, un chrétien maronite, a été élu président sans concurrent en 1998. Son mandat a été prorogé de trois ans en 2004 sous la pression, dit-on, en Occident, de la Syrie. Une nouvelle séance a été fixée au vendredi 30 novembre.
Le gouvernement de M.Siniora a assuré, vendredi 23 novembre, qu'il continuerait «d'assumer ses responsabilités et d'exercer toutes ses prérogatives» après le départ du président. La majorité parlementaire antisyrienne accuse l'opposition de vouloir un président inféodé à la Syrie et à l'Iran. Le camp pro-syrien est, de son côté, convaincu que le pouvoir veut choisir un chef de l'Etat soumis aux Américains. La secrétaire d'Etat américaine, Condoleezza Rice, a déclaré que pour améliorer ses relations avec Washington, Damas devait laisser le Liban choisir librement son président.
Un des piliers de l'opposition libanaise soutenue par Damas et Téhéran, le chrétien Michel Aoun, a proposé, jeudi 22 novembre, que son camp nomme un candidat intérimaire à la présidence pour deux ans et que la majorité antisyrienne nomme le futur Premier ministre, comme solution au blocage actuel. Pour rappel, les rencontres parisiennes entre le leader de l'opposition chrétienne, le général Michel Aoun, et le chef de la Coalition du 14-mars au pouvoir, Saâd Hariri, ont montré à quel point confiance et cohésion règnent dans les rangs de l'opposition. Michel Aoun a reçu un soutien sans failles de la part du chef du Hezbollah, Sayyed Hassan Nasrallah, démentant ainsi toutes les rumeurs répandues par la Coalition du 14-mars sur des dissensions au sein de l'opposition. Du côté du 14-mars c'est, au contraire, la mésentente qui règne. Pendant que Saâd Hariri parlait d'entente et de compromis à Paris, les faucons de ce mouvement, le druze Walid Joumblatt et le maronite Samir Geagea, ont procédé à une nouvelle escalade. Un des candidats à la présidentielle du 14-mars, le député Boutros Harb, a tenu des propos d'une extrême limpidité: «Saâd Hariri n'est pas habilité à conclure des marchés au sujet de la présidentielle. Il est mandaté pour défendre les candidats du 14-mars». Bien qu'entourées d'un grand secret, les rencontres de Paris auraient abouti à trois résultats: Saâd Hariri et le Mouvement du 14-mars refusent l'élection à la présidence du chef chrétien le plus représentatif de sa communauté. Pourtant, ce principe est mis en oeuvre pour les deux autres hautes fonctions attribuées aux musulmans dans le système confessionnel libanais Les deux hommes sont convenus de maintenir leurs réunions ouvertes et de se revoir à Beyrouth. Michel Aoun a proposé, à cet égard, la formation d'un gouvernement regroupant les principaux leaders politiques du pays sous la présidence de Saâd Hariri. Mais cette proposition se heurte au refus des...Etats-Unis, qui exigent que Fouad Siniora conserve son poste de Premier ministre. Les rencontres de Paris ont montré une nouvelle fois que l'opposition souhaite ardemment l'entente, alors que les Etats-Unis veulent la faire échouer.
Vide constitutionnel
La nouvelle rencontre-surprise, mercredi 21 novembre au soir, entre le chef chrétien de l'opposition, le général Michel Aoun, et le leader de la coalition au pouvoir, Saâd Hariri, a fait planer, un temps, un climat d'optimisme. Mais très vite, il est apparu que les deux hommes ne sont pas parvenus à un accord susceptible de dénouer la crise de la présidentielle. Les médias libanais et régionaux soulignent que les démarches intenses des dernières 24 heures avaient pour but de gérer dans le calme le vide constitutionnel qui se profile à l'horizon, après l'échec de l'élection présidentielle.
L'intensité des contacts qui se déroulent au Liban et dans les capitales concernées, donne le tournis même aux analystes les plus chevronnés. Les dernières 24 heures ont enregistré les données suivantes: 1.La France a pesé de tout son poids dans la balance pour tenter de trouver une issue consensuelle à la crise. Le chef chrétien de l'opposition, le général Michel Aoun, était au centre de tous les contacts. Il a reçu de nombreux émissaires internationaux et un appel téléphonique du président français Nicolas Sarkozy. Les Nations unies étrangement absentes, les Etats-Unis, l'Union européenne et les Etats arabes modérés comme l'Arabie Saoudite, l'Egypte et la Jordanie, devraient ne reconnaître que la seule autorité du cabinet Siniora.
Dans une analyse assez percutante toujours d'actualité à juste titre, il est dit que «le Liban se trouve toujours dans l'impasse et il n'est pas près de s'en sortir. Certains vont, même, jusqu'à prédire que la crise politique, créée par la résolution 1559 du Conseil de sécurité des Nations unies (votée en 2004) et exacerbée, à la suite de l'assassinat de l'ex-Premier ministre Rafic Hariri, par l'agression israélienne de l'été 2006, ne pourra voir le début de la fin avant les élections présidentielles étasuniennes en 2008...». Parlant des stratégies de déstabilisation, elle poursuit: «Le premier scénario se base sur le dernier projet mis au point, au début de l'an 2006, par le vice-président étasunien, Dick Cheney. Ce projet, comme nous le savons maintenant, prévoyait une intégration totale du Liban au "Grand Moyen-Orient", qui aurait dû faire suite à une agression israélienne de grande envergure ayant pour but de balayer, en plus du Hezbollah, toutes les résistances intérieures afin de continuer son chemin pour rejoindre Baghdad, après être passée par Damas. Et bien que cette nouvelle formule du projet étasunien ait été mise en échec, grâce à la résistance du peuple libanais, et bien que les conséquences politiques de cet échec continuent à avoir des répercussions très négatives en Israël, on continue à penser, tant à Washington qu'à Tel Aviv, qu'il est nécessaire de récidiver dans les plus proches délais (des dates ont été émises entre juin et juillet 2007), soutenus en cela par certaines formations politiques libanaises qui pensent pouvoir, ainsi, en finir avec le Hezbollah et faire main basse sur le pouvoir politique libanais».
Sur la base de ce scénario, certaines parties du «Rassemblement du 14-mars» ont exigé l'arrêt des pourparlers entre Saâd Hariri (dirigeant de la majorité parlementaire) et Nabih Berri (président du Parlement). Elles ont fait de la création du tribunal international leur slogan de base, afin de pouvoir demander au Conseil de sécurité de s'immiscer, plus encore, dans les affaires intérieures du pays et d'aller au-delà de la résolution 1701, préparée par John Bolton et votée à la suite de l'échec des objectifs de l'agression israélienne de juillet-août 2006. De plus, le «Conseil des évêques maronites» du Liban a déclaré qu'il appuie le point de vue de la majorité stipulant qu'en cas de désaccord entre cette dernière et l'opposition sur les élections présidentielles, il est possible de passer outre la clause concernant le quorum nécessaire (85 députés). A cela, nous devrions ajouter d'autres positions et déclarations concernant la possibilité de remplacer bientôt les ministres chiites démissionnaires, l'ingérence de l'Iran dans les affaires libanaises à travers le Hezbollah, la nécessité d'avoir des soldats de la Finul sur les frontières avec la Syrie, afin de mettre fin à «la contrebande d'armes» etc. Tout cela rend encore plus réelles les menaces proférées, dernièrement, par l'administration de George W.Bush contre le Hezbollah et ses deux appuis, l'Iran et la Syrie, et éclaire d'un jour nouveau le «pessimisme» exprimé par le secrétaire général de la Ligue arabe, Amr Moussa. Quant à l'Union européenne, elle continue à adopter une politique très dépendante de celle préconisée par Bush. N'a-t-elle pas déclaré un appui inconditionnel à Fouad Siniora et son gouvernement (ou ce qu'il en reste) qui n'a pas l'aval de la moitié de la population libanaise? Et, n'a-t-elle pas proclamé une adhésion européenne totale au point de vue israélien quant aux «violations» syriennes de la résolution 1701 à propos des armes «envoyées» au Hezbollah...Cependant, pas un mot sur les violations israéliennes de la souveraineté du Liban et des autres clauses de cette résolution onusienne concernant les fermes de Chebaâ et les prisonniers libanais toujours détenus en Israël.(1)
Seule lueur d'espoir, il est possible, comme nous le souhaitons, que la tenue de la conférence de paix sur le Proche-Orient organisée cette semaine par les Etats-Unis à Annapolis, à laquelle la Syrie devrait participer, puisse être un déclic. On reconnaît implicitement que la solution à l'impasse présidentielle passe aussi par Damas.
1.Marie Nassif Debs C.E.C.: Les nouveaux scénarios et leurs visées, 9 avril 2007. Alternatives internationales, http://alternatives-international.net


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