Résumé de la 2e partie n Zineb et Madjid, absorbés dans une longue étreinte, retombent sur terre au bruit de pas entrant au salon. Affolés, ils se séparent et s'éloignent l'un de l'autre. Comme un justicier, Mohamed, debout à l'entrée, les regarde. Son regard pénétrant, mélangé de souffrance, de mépris et de haine, les pétrifie sur place. Ils ne bougent ni ne prononcent la moindre parole. Ils continuent à le regarder, hébétés, incapables de détacher leur regard, comme hypnotisés. Au bout d'un moment qui leur semble une éternité, Mohamed prononce comme une insulte en regardant sa femme : «Je ne veux pas te trouver ici ce soir. Je m'occupe des formalités de divorce.» Se tournant vers Madjid, il poursuit d'une voix blanche : «Je ne veux plus jamais te revoir. Demain j'enverrai mon avocat à l'entreprise. Tu traiteras avec lui.» Sur ce, Mohamed tourne les talons et sort de la pièce. Immobiles, ils l'entendent claquer la porte d'entrée quelques instants plus tard. Zineb éclate en sanglots. Madjid, très pâle, la serre très fort dans ses bras. «Nous savions que cela arriverait un jour ou l'autre. Regarde le bon côté des choses, tu seras libre et tu seras à moi, rien qu'à moi.» Relevant la tête, elle s'essuie les yeux : «Oui mais toi tu ne seras pas libre et tu ne seras pas qu'à moi.» Il répond d'une voix attristée : «Nous n'allons pas revenir encore sur ça. Tu sais très bien que mon vœu le plus cher aurait été que je puisse t'appartenir totalement et exclusivement. Mais il aurait fallu que je te connaisse avant. Maintenant, j'ai des enfants.» «Et une femme !», dit Zineb en soupirant. Elle se lève, imitée en cela par Madjid. «Des moments très difficiles nous attendent», dit-elle en se dirigeant vers la porte d'entrée. «Oui acquiesce-t-il, mais nous devons rester forts et surtout unis, n'oublions jamais que nous nous aimons et tout ira très bien.» Elle aurait tellement voulu en être sûre. Devant la porte, Madjid l'attire tout contre lui et murmure tout en lui caressant les cheveux. «Fais-moi confiance et aie confiance en notre amour. Il sera plus fort.» Tout au fond de lui-même, Madjid est loin d'être aussi optimiste qu'il veut le montrer. Mais il sait qu'il doit être fort pour deux durant cette phase qui s'annonce très critique pour leur couple. Après le départ de Madjid, Zineb s'effondre sur le lit. Se secouant, elle se dit qu'elle doit ramasser ses affaires et partir avant le retour de Mohamed. Elle ne peut s'empêcher d'éprouver de l'admiration pour lui : «Il a été digne jusqu'au bout. Aucun mot déplacé, aucun débordement.» En prévision de ce moment, Madjid avait déjà loué et équipé un logement pour elle. Ils s'y étaient retrouvés quelquefois depuis. Sortant ses valises, elle entreprend de les remplir. Elle enverra quelqu'un les chercher plus tard dans la journée. Jetant un regard circulaire dans la maison coquettement meublée, elle s'interroge si elle y a été heureuse. En fait, se dit-elle, elle n'a été ni heureuse ni malheureuse. Au cours de ses trois années de mariage, Zineb pense n'avoir tout simplement pas vécu. En quittant sa maison aujourd'hui, elle a le sentiment de prendre un départ pour une autre vie, une vraie où son corps et son cœur vont enfin palpiter, renaître avec son bien-aimé. (à suivre...)