Elle commence par quelques tours enfouis dans l'anonymat du football régional pour terminer en apothéose sous les feux de la rampe, dans une liesse populaire indescriptible et une expression passionnelle et médiatique que même le championnat, pourtant plus prestigieux, a du mal à concurrencer. Elle, c'est Dame Coupe, la compétition populaire par excellence qui porte le nom du Dr Mohand-Amokrane Maouche, l'un des pionniers de l'institution sportive algérienne et membre fondateur de la Fédération algérienne de football (FAF) dont il a été le premier président de 1962 à 1969. Comme il a été le premier président du Comité olympique algérien (COA) en 1965, pour dire le poids de cet homme qui mérite plus que l'attribution de son nom au trophée populaire. Mais revenons à cette compétition particulière qui, chaque année, charrie avec elle des tonnes d'émotions et de surprises, d'autant qu'elle reste la seule à donner l'occasion aux petits clubs, des fois les plus insolites ou les plus inattendus, venant de quartiers ou localités du pays profond, à pénétrer dans l'histoire par la grande porte. Certains ont écrit leur nom en lettres d'or sur le socle du trophée de Dame Coupe, alors que d'autres, malgré leur défaite finale, en sont sortis grandis et leurs noms retentissent toujours. Ainsi, il faut remonter à 1974 pour assister à la première victoire d'un club évoluant en Division II en l'occurrence l'USM El-Harrach qui portait à l'époque le nom de l'USMMC, soit l'Union sportive musulmane Maison-Carrée, et qui a battu en finale le WA Tlemcen et son gardien Yougoslave Markovic (1-0). Depuis ce coup osé, les Cendrillon de la Coupe n'ont cessé de surprendre jusqu'à un passé très récent, puisqu'il y a deux ans un sociétaire de l'Interrégions (troisième division) et le néanmoins légendaire USM Sétif venait défier l'ASO Chlef, devenue alors un ténor de la Nationale I, en finale, ne s'inclinant qu'après les prolongations. Mais entre l'USMH et l'USMS, deux Unionistes, d'autres «petits» défileront avec des fortunes diverses. L'IRB Beni Thour, ce club d'une division inférieure d'un quartier de Ouargla, premier représentant du Sud algérien, parvient à damer le pion à un pensionnaire de l'élite, le WA Tlemcen en finale de 2000 (2 - 1). Il y eut également l'équipe de la DNC Alger qui, après avoir gagné le trophée le plus triste de l'histoire de la Coupe d'Algérie en 1982 en pleine Coupe du monde face au NAHD dans un stade quasi vide, s'inclinera face au MC Oran à Batna (2 - 1). Le MSP Batna taquinera l'ES Sétif en 1989, perdant alors le trophée à trois minutes de la fin à la suite d'un but de Gharib. L'AS Aïn M'lila et le CA Batna, considérés comme de sans-grades par rapport à leurs monstres d'adversaires, feront longtemps douter respectivement la JS Kabylie (en 1994) et l'USM Alger (en 1997) qui ne durent gagner que sur un petit but. De même que le CRB Mecheria, venu de la steppe algérienne, en 2001 pour tenter sa chance face à l'hégémonique USM Alger et qui est reparti avec les honneurs et une toute petite défaite dans les valises, due beaucoup plus à l'erreur de son gardien qu'à un chef-d'œuvre des gars de Soustara. Cependant, et à notre humble avis, l'équipe qui a «révolutionné» les mœurs dans le monde mondain de Dame Coupe et celle qui a rendu plus mythique ce trophée populaire est sans aucun doute le CRE Constantine. Ce petit club «corporatiste» de la ville des Ponts est venu, à l'issue d'une belle épopée, bousculer le MC Oran et ses vedettes en 1985 lors d'une soirée mémorable au stade du 5-Juillet. Défaits (0 à 2), les coéquipiers de Benkenida et autres Fendi étaient pourtant les héros de cette finale inoubliable qui marquera longtemps le football algérien et l'histoire de la coupe. Connaissez-vous maintenant le CREC ?