Résumé de la 2e partie n Diab réfléchit un long moment, puis se rassoit l'air décidé. Par un interstice de la porte, il voit Brahim se diriger vers la cave et refermer la porte... Diab le suit avec prudence, comme une ombre, silencieux. Il reste un long moment à écouter derrière la porte. Rien. Pas un bruit. Il revient vers la salle à manger, s'assoit sur une chaise, réfléchissant, prêt à bondir dans le couloir, où se trouve sa chambre, si Brahim réapparaissait brusquement. Un très long moment passe. Diab, torturé par la curiosité, se rapproche de nouveau de la cave, et tourne très lentement la poignée. Il écoute un moment puis entrouvre la porte. Rassuré par le silence, il avance la tête à l'intérieur et entre lentement dans la cave, tel un fantôme. Pendant quelques secondes, il est aveuglé par la grosse lampe qui pend au-dessus de la table, au fond. Puis, il distingue nettement Brahim, assis sur une chaise, qui prend des bouteilles éparpillées autour de lui, pour les déposer peu après sur le côté. Diab, abasourdi, ne comprend pas. Il s'approche encore un peu plus et s'accroupit contre la rampe, les yeux fixés sur son patron. Il devine plus qu'il ne voit le geste de Brahim, quand il injecte le poison à travers les bouchons, car de là où il se trouve, il ne peut distinguer la seringue... Alors, Diab comprend... comprend tout... pourquoi il avait invité tous ces militaires pour le lendemain, alors que la maison était presque vide... pourquoi. La famille était partie «en vacances» sans Brahim, qui avait prétexté un travail à finir. «Il va les empoisonner, les «gaver». Et le colonel, et le capitaine, et le juge et tous...» Il retourne doucement dans sa chambre, l'esprit tout chamboulé, et s'allonge sur son lit. Il met un long moment à remettre ses idées en place. «Que va-t-il se passer ? ... Bon, il va les tuer, mais après ? Lui va se sauver, et moi ? Que vont-ils me faire ? Je resterai seul ici... Les autres viendront enquêter et je serai accusé de complicité. Brahim ne pense qu'à lui... Que va-t-il m'arriver à moi ?» Il tourne et retourne ces idées dans sa tête puis se rassit, l'air décidé. «Non, pense-t-il, je ne vais pas me laisser faire comme ça... Pourtant, il vivait bien, qu'est-ce qu'il lui manquait à cet imbécile ?». Et Diab sort par la fenêtre après avoir verrouillé sa porte, traverse le jardin et sort dans la rue. Il reste un moment immobile sur le trottoir et prend à droite vers la caserne. Brahim a enfin terminé son travail. Les bouteilles sont alignées soigneusement sur la table, les grands crus à part. Pour mon colonel et les autres officiers, se dit-il avec un rire intérieur. «A votre santé, messieurs ! Vive l'Algérie !». Il ferme soigneusement la fiole, la fourre dans sa poche, ramasse les chiffons qui ont servi à essuyer les bouteilles, donne un dernier coup d'œil derrière lui, et portant son couffin, il entreprend de remonter doucement. «Diab doit encore dormir», se dit-il. Il remonte dans sa chambre sans bruit, reste un moment, et sort comme chaque matin. Du haut de l'escalier, il appelle. - Diab ! Ya Diab ! prépare le café ! Diab ! Mais personne ne répond. Brahim descend à nouveau et ouvre la porte de son domestique. Mais elle est fermée à clé… Intrigué, il tambourine de plus en plus fort. Diab ! Tu dors ou tu es mort ? Il se dirige vers la porte d'entrée, mais à ce moment-là, elle s'ouvre et, sur le seuil, il voit, à sa grande surprise, le colonel, entouré de paras, armes au poing. Il recule. - Alors, Brahim, dit l'officier, tu ne nous invites pas à boire de ton excellent vin ?…