Analyse n Des dizaines de chantiers sont en cours, mais pas un n'est encore achevé. Une chute durable du prix du baril serait, selon bon nombre de spécialistes, synonyme d'arrêt brusque des réformes. Toutes les réformes. Avril 1999, Abdelaziz Bouteflika prend le pouvoir. En appoint à la concorde civile dont il a fait son credo, des programmes de réformes économiques, sociales et éducatives se sont succédé. Il fallait accélérer le processus de passage de l'économie dirigiste à l'économie de marché, mais si l'on indexe la période post-rééchelonnement de la dette auprès du FMI, prélude de la douloureuse marche vers la libéralisation de l'économie algérienne, l'on a plus de seize ans de transition sans que les choses aient changé d'un iota. La mise en œuvre des réformes peine à se concrétiser. Des milliards de dinars sont engloutis pour remettre à neuf des secteurs léthargiques. Pour une croissance durable, oscillant, en terme de macroéconomie, entre 5 et 7% annuellement, la réforme au scalpel devait aller de l'industrie aux banques en passant par l'éducation, la justice, l'administration. Séminaires et colloques sont organisés de façon sporadique, histoire de décortiquer, à défaut de calquer les exemples de transition ayant fait leur preuve à travers le monde comme ce fut le cas de l'exemple canadien pour l'éducation, l'exemple malaisien pour les services ou alors l'exemple brésilien pour l'industrie. Et pour donner suite à ses chantiers lancés en grande pompe, des commissions de suivi des réformes ont été mises en place par Boutefllika lui-même. La première chose à faire dans ce sens-là consistait à mettre sur pied, le 26 novembre 2000, le comité de réforme des structures et des missions de l'Etat. Principal objectif : «Etudier et évaluer tous les aspects relatifs aux fondements, à l'organisation et au fonctionnement de l'Etat et de proposer (...) les éléments d'une réforme d'ensemble de l'Etat». D'autres chantiers devaient suivre par la suite et un grand nombre de ministres se voyaient investis de la lourde tâche de mener à bien la mission. Il s'agissait, tour à tour, de la réforme bancaire, la réforme fiscale, la réforme de la justice et de l'éducation. Visant toutes à repositionner l'Algérie dans la sphère internationale à l'entame d'une mondialisation des plus inéluctables, ces réformes butent aujourd'hui malheureusement contre un bloc de puissants intérêts qui s'opposent à tout changement. Une opposition fortement redoutée par nos économistes surtout si par malheur les prix du baril venaient, au gré de fluctuations incertaines, à chuter durablement. Un scénario des plus catastrophiques car non seulement les réformes déjà engagées connaîtraient alors un brusque arrêt mais surtout l'Algérie tomberait lourdement dans les bras des institutions financières internationales avec toutes les fâcheuses conséquences que l'on devine.