Musique n Najim nous fait revenir dans son nouvel album aux premières résonances du raï. Najim est une voix montante du raï. Une voix jeune, attachante et sensuelle. Une voix mature et prometteuse. Elle lui augure une belle et longue carrière. H'sabtek Ana est son nouvel album sorti aux éditions Dounia. Cet album, le second après Kount Enhaoues, sorti trois ans avant, en 2004, et qui s'est vendu en France à plus de 8 000 exemplaires, comprend dix chansons et auxquelles viennent s'ajouter deux bonus : deux instrumentaux. Najim, qui fut choriste dans le dernier album de la regrettée Cheikha Rimiti avec laquelle il a enregistré, quelques jours avant son décès, se distingue nettement dans cet album avec une prestation musicale appréciable relevant d'une recherche de nouvelles sonorités. Il s'agit de compositions aux sons modernes mais qui se mêlent d'une façon élégante et équilibrée aux accents raï authentiques. C'est dans un esprit authentiquement raï que s'opère la magie vocale de Najim. Ce retour à la tradition – loin d'être un handicap à la création, donc au renouveau musical – ne l'empêche pas de procéder à imaginer avec justesse et talent une nouvelle manière de chanter le raï. Ainsi, loin de ce qui se fait habituellement, et aujourd'hui, par les chebs (algériens) du raï qui se contentent seulement de la boîte à rythme, Najim nous fait revenir aux premières résonances du raï. Son album révèle incontestablement un travail de recherche d'une esthétique musicale nouvelle. Sa musique est composée, substantielle. Elle est enrichie d'instruments divers qui la nourrissent et la rendent crédible et soignée à l'ouïe de la critique. Pour rendre sa création profonde et d'un grand intérêt artistique, Najim s'entoure de musiciens avérés et prestigieux comme Dany Lavital (pianiste), Benoît Dordolo (basse et contrebasse), Mimoun El-Hajeraoui (basse), Yves Ndjock (guitare), Réda Samba (batterie), Nasreddine Beghdad (violoniste), Ahmed Benssidhoum (percussions). Il convient de souligner que le raï, tel qu'il se pratique depuis plusieurs années par ces jeunes chebs, que l'on qualifie d'amateurs, a littéralement perdu de son âme – et de son authenticité. Il a perdu ses valeurs originelles. Ces jeunes – refusant tout travail de recherche et faisant en conséquence abstraction de toute imagination musicale — préfèrent se contenter de peu. Ils s'accommodent de la boîte à rythme qui réduit la création à une composition creuse et triviale – pour ne pas dire médiocre. Alors que Najim restitue au raï sa véritable identité. Il fait ressortir – en musique – son caractère. Najim serait-il la relève du vrai raï ?