Conséquence n En l'absence d'une bonne éducation sexuelle dans la famille comme à l'école, le phénomène des mères célibataires et le nombre de naissances recensées hors mariage deviennent de plus en plus inquiétant. Si pour les uns, les mères célibataires ne sont que des femmes «ineptes et répugnantes» victimes de leur ignorance et d'une acculturation prônant la liberté et l'émancipation, pour les autres, au contraire, sont victimes d'injustice et de discrimination à tous les niveaux. Ainsi, que l'on se réjouisse de tels bouleversements ou qu'on les condamne, l'urgence, aujourd'hui, est de prendre en charge ces nouvelles données sociologiques. La cellule familiale, qui avait jusqu'à un passé récent, un contrôle rigoureux sur le comportement des femmes, se voit, aujourd'hui, fortement contrariée par cette nouvelle ère de liberté. «La morale de l'abstention n'est plus suffisante quand le célibat est prolongé et la probabilité du mariage et d'avoir des enfants dans une union officielle est diminuée», explique le Pr Chitour. L'allongement de la période de célibat avec le recul de l'âge du mariage à 32 ans pour les hommes et 30 pour les femmes rend, selon elle, inopérant et incompatible avec les impératifs physiologiques et l'interdit socio-religieux d'accès à la sexualité avant le mariage. Il n'en demeure pas moins que notre société, qui continue de préconiser la déification de la famille, avec elle la filiation légitimée par le mariage et le droit au patrimoine, peine à trouver un cadre légal pour ces femmes et ces enfants. La volonté politique souvent manifestée de donner à ces deux catégories de population des droits en leur attribuant une existence et un statut juridique est restée impuissante face aux mentalités rétrogrades. L'enfant né hors mariage demeure, ainsi, l'éternelle victime privée d'existence légale et de tous ses droits. Les instants qui suivent l'accouchement ne sont pas faciles à vivre pour la mère qui a derrière elle des mois de calvaire, de honte et de peur. Dans un état aussi vulnérable, elle n'hésite pas à signer le document certifiant sa volonté d'abandonner son enfant, afin de réintégrer la société et de se débarrasser d'un passé douloureux. Il est utile de relever, par ailleurs, que les lenteurs administratives des intervenants médicaux et médicaux légaux rendent, le plus souvent, impossible l'interruption thérapeutique de grossesse survenue après viol pourtant prévu par la loi sanitaire, ce qui a été constaté même sur des personnes handicapées mentales.