Les victimes qu'on appelle aussi “mères célibataires” sont, pour la plupart, des mineures issues des zones rurales. Les services de l'Action sociale de la wilaya de Tébessa ont révélé que le nombre de mères célibataires augmente d'une façon exponentielle. Elles sont, en effet, 400 jeunes filles à avoir eu des grossesses hors mariage, dont 5% sont des récidivistes. Leurs bébés, conçus illégalement, sont pris en charge par le nouveau centre des enfants assistés de Bekkaria, en attendant d'être repris par des âmes charitables ou par des familles sans enfants. Quant aux mères, elles seront exposées à tous les maux de la société. Car il a été prouvé que la majorité des grossesses hors mariage proviennent des agressions sexuelles, dont les conséquences néfastes ne se limitent pas uniquement à la victime mais également à l'enfant qu'elle va mettre au monde. Selon des sources au fait du dossier, ces enfants nés hors mariage, une fois qu'ils atteignent l'âge de la puberté, se manifestent par des comportements agressifs envers leurs parents adoptifs. La majorité d'entre eux refusent carrément de s'intégrer dans la société, qui se traduit par la désobéissance ou encore la déperdition scolaire. Dans la wilaya de Tébessa, la majorité des mères célibataires sont issues du monde rural qui représente 70% du territoire de la wilaya. Selon notre source, ces mères célibataires éprouvent des difficultés d'intégration, car se sentant rejetées par les siens et même par la société elle-même. L'absence d'un soutien psychologique individualisé les poussera, tôt ou tard, à récidiver. En réalité, ces mêmes mères sont, pour la plupart, le résultat de la décennie noire qui a frappé tout le pays et, en particulier, les zones éparses de la région de Tébessa qui, à l'heure actuelle, souffrent toujours des séquelles du terrorisme, ainsi que du banditisme dans toutes ses formes. Le chômage, la pauvreté, l'exode rural, la ruralisation des villes…, toutes ces mutations sévères les prédisposent aux actes répréhensibles qui aboutissent généralement aux grossesses et aussi à toutes sortes de dérives. Pourtant, ces comportements ne figuraient pas dans le répertoire traditionnel de la société, mais se sont développés dans les failles de la société citadine. Déperdition et absence de valeurs, permissivité et intolérance de la société envers les familles défavorisées, mais surtout l'éclatement de la cellule familiale, qui constitue l'unité fondamentale d'une nation, sont autant de vecteurs de ces maux. L'éradication de ce phénomène social néfaste qui, dans l'optique d'une meilleure prise en charge de ces mères célibataires et des enfants naturels, constitue l'un des plus grands défis à prendre en charge par une politique active de prévention associant tous les acteurs sociaux de la cellule familiale et des institutions publics. Maâlem Hafid