La parité des sexes en matière de santé, est le thème de la journée d'étude organisée, hier, par l'Institut de santé publique (INSP) en collaboration avec l'Organisation mondiale de la santé à l'INSP. Les spécialistes, qui ont pris part à cette rencontre, ont plaidé pour la reconnaissance « des différences entre les femmes et les hommes du point de vue du sexe biologique et du sexe social, ce dernier se rapporte aux rôles et responsabilités socioéconomiques conférés par la société et la famille ». L'accès aux soins de santé en Algérie demeure encore, selon eux, difficile en raison du manque de moyens, de personnel qualifié et de structures adéquates. « Des faits de plus en plus nombreux montrent que le sexe biologique et le sexe social influencent tous deux les risques de la santé, le comportement en matière de recours aux soins, les issues sanitaires, pour les femmes, comme pour les hommes, l'accès aux systèmes de soins et la réaction de ces systèmes », signale le docteur Faïka Medjahed du service santé femmes à l'INSP, qui a mis l'accent sur la question de la violence en Algérie et l'accès des femmes aux soins aux différents âges de son cycle de vie. Justement, un aspect sur lequel le professeur Sadi, chef de service de la planification maternelle CHU Mustapha, a longuement insisté en mettant en exergue les problèmes gynécologiques chez la petite fille. Selon elle, 2% des consultations dans son service sont des petites filles et des adolescentes, une frange qui doit être réellement prise en charge pour lui assurer une vie saine à l'avenir. L'absence de prévention et d'éducation sexuelle de l'adolescente et de l'adolescent risque de compliquer davantage la situation. « Une bonne éducation sexuelle évitera les complications de la santé et les infections sexuelles », a-t-elle ajouté, en précisant que la stérilité est, dans la majorité, des cas due aux infections sexuelles. Le professeur Sadi a plaidé pour la création d'un centre spécialisé dans la gynécologie infantile. « Ces petites filles sont prises en charge en consultation au même titre que les femmes adultes. Il est temps de créer un espace propre aux petites filles et aux adolescentes », a-t-elle indiqué. Les accouchements en milieu assisté ont été aussi un des aspects longuement débattus. Les résultats d'une enquête sur ces accouchements en milieu assisté a montré que 7000 naissances illégitimes, soit près de 1% du total des naissances, sont enregistrées annuellement. Ce qui est qualifié d'insignifiant par rapport aux naissances estimées à 65 000 par an. Les intervenants ont souligné que le phénomène de la mère célibataire prend de l'ampleur dans la société algérienne et progresse « dans l'ombre ». Les résultats de l'enquête ont révélé que sur un échantillon de plus de 15 000 (15 701) femmes admises pour accouchement, il est notamment enregistré, à titre d'exemple, 118 naissances illégitimes contre 8866 naissances à Alger, 49 illégitimes contre 3294 à Skikda et 21 illégitimes contre 3541 à Mascara. D'après cette étude menée en 2005, 52% des mères célibataires sont âgées de moins de 25 ans contre 17% des femmes mariées, et 16,3% des mères célibataires sont âgées entre 16 et 19 ans. L'âge moyen des mères célibataires est de 25 ans, alors que celui des femmes mariées est de 30,5 ans. Quant au niveau d'instruction, 40% des mères célibataires sont sans instruction ou ont un niveau primaire, contre 29% chez les femmes mariées. En conclusion, l'étude révèle que le phénomène de la mère célibataire n'est pas « une simple histoire d'accident », indiquant que 1/3 des mères célibataires ont plus d'un enfant. En effet, 26,1% des mères célibataires sont à leur deuxième grossesse contre 66,0% qui sont à leur premier enfant. Quant à l'accès aux soins, il est également montré, à travers cette étude, que toutes les femmes semblent bénéficier du même type de prise en charge. Concernant le suivi de la grossesse, il a été constaté que 42% des mères célibataires ont fait entre 0 à 2 visites médicales, dans les structures sanitaires, contre 15% des femmes mariées. L'étude fait remarquer que l'aboutissement à un mort-né est 2 fois plus élevé chez les mères célibataires (5,3%) que chez les femmes mariées (2,5%), précisant, par ailleurs, que 30% des mères célibataires n'ont pas allaité leur bébé contre 7% chez les femmes mariées. Devant cet état de fait, les participants ont recommandé l'élaboration d'une stratégie de lutte contre toutes les formes d'inégalité de chances en améliorant la santé de la femme en post-procréation, de réduire l'incidence des maladies liées à l'appareil reproductif chez la petite fille et traiter le phénomène des mères célibataires dans un cadre global de prise en charge.