52% des mères célibataires sont âgées de moins de 25 ans. Bien qu'insignifiant par rapport aux 65.000 naissances/an, le nombre de 7000 (1%) naissances illégitimes, c'est-à-dire hors mariage, met à nu les dangers incessants qui menacent les valeurs et repères de notre société majoritairement conservatrice. Un constat qui met en exergue la montée de la délinquance juvénile des deux sexes confondus, a été fait lors de la journée d´étude sur les droits humains de la femme en matière d´accès aux soins, ouverte hier à Alger. Ainsi, 40% des mères célibataires sont sans instruction ou ont un niveau primaire. Bousculant complètement les idées reçues, une étude révèle que le phénomène de mère célibataire n´est pas «une simple histoire d´accident», puisque 1/3 de ces mères célibataires ont plus d´un enfant. Un intervenant a même indiqué que 26,1% des mères célibataires sont à leur deuxième grossesse. D´après cette étude menée en 2005, 16,3% des mères célibataires sont âgées de 16 à 19 ans. Pour d´autres praticiens intervenants, l´absence de prévention et d´éducation sexuelle de l´adolescente et de l´adolescent risque d´amplifier davantage le phénomène qui progresse dangereusement dans «l'omerta». Sous-médiatisé pour des raisons évidentes que tout le monde connaît, le phénomène de mère célibataire en Algérie, beaucoup plus que les autres phénomènes de société, pèche, en particulier, par une absence criante de statistiques fiables, a-t-on encore précisé. Si beaucoup d´actions intéressantes sont entreprises en Algérie dans le domaine de la santé, il n'existe malheureusement que très peu de documents pour le qualifier d'expériences, a déploré le professeur Dekkar Nourredine, représentant de l´Organisation mondiale de la santé (OMS) à Alger, en reconnaissant que certaines de ces actions ont été «appliquées» sur le terrain par des pays étrangers et organisations mondiales. A titre d´exemple, sur un échantillon de plus de 15.000 femmes admises pour accouchement, il est notamment enregistré 118 naissances illégitimes contre 8866 naissances à Alger, 49 naissances illégitimes contre 3294 à Skikda et 21 naissances illégitimes contre 3541 à Mascara. L´étude fait remarquer que l´aboutissement à un mort-né est 2 fois plus élevé chez les mères célibataires (5,3%) que chez les femmes mariées (2,5%), précisant, par ailleurs, que 30% des mères célibataires n´ont pas allaité leur bébé contre 7% chez les femmes mariées. «Une bonne éducation sexuelle évitera les complications de santé et les infections sexuelles», a-t-elle ajouté, en précisant que la stérilité est, dans la majorité des cas, due aux infections sexuelles. Le gouvernement devra bientôt examiner un projet de loi sur la filiation de paternité. A la question d'un député portant sur les enfants nés sous X, question directement liée à celles des «mères célibataires», affaire qui ne cesse de revenir avec acuité, Djamel Ould Abbès, ministre de l'Emploi de la Solidarité nationale, avait répliqué dans une récente intervention lors d'une plénière à l'APN: «Je ne peux pas faire de cas sociaux des terroristes.» Des représentants de partis politiques de tendance islamiste ne cessent en effet de revenir à la charge qualifiant ce fait d'«incitation et d'encouragement de la prostitution». Le représentant du gouvernement a rappelé que la prise en charge des enfants nés sous X ainsi que les mères célibataires s'inscrit dans le cadre de la solidarité nationale qui ne doit exclure aucune frange démunie de la société.