Aucun locuteur ne possède tout ce vocabulaire de la couleur, y compris les spécialistes de la couleur, comme les teinturiers ou les tapissiers, par exemple, qui peuvent citer plusieurs dizaines de mots, distinguant les plus petites nuances et les plus petites tonalités. Cette caractéristique n'est pas propre aux Arabes, d'ailleurs, et se retrouve dans la plupart des langues où les spécialistes possèdent, mieux que les autres, les registres de langue en rapport avec leur travail. Le commun des locuteurs, lui, ne connaît que le nom des principales couleurs, auxquelles se rattachent les symboles. Signalons qu'en arabe, les noms de couleur sont des noms sui generis, c'est-à-dire propre aux couleurs (ainsi ah'mar «rouge» aswad «noir», asfar «jaune» etc. mais quelques mots, souvent des emprunts, notamment au persan, sont formés à partir de choses auxquelles sont liées ces couleurs : ainsi, wardi «rose» de ward «rose, fleur», banafsadji «violet» de banafsadj, «violette», kuh'li «brun, noir» de kuh'l «collyre», etc. Dans le domaine des couleurs, la langue arabe a enregistré au cours des siècles de nombreux emprunts, notamment au persan et, moins fréquemment, au grec. Outre les mots wardi et banafsadji cités précédemment, on peut citer ardjawân «pourpre», ziryâb «jaune, ou plutôt une nuance de jaune», zardjûn «rouge doré», samânghunî «bleu ciel», firfîr «violet», etc. Les dialectes, eux, ont emprunté aux époques modernes, des mots aux langues européennes. Ainsi, le parler maghrébin emploie gri «gris», ruz «rose», vyuli «violet», etc., empruntés au français.