Réalité Entre les déclarations optimistes et les bilans «positifs», il y a la détresse des sinistrés. Le président de la République, Abdelaziz Bouteflika, effectuera ce lundi matin une visite de travail et d'inspection à Boumerdès et à Alger, deux wilayas fortement ébranlées par le séisme du 21 mai dernier. Cette deuxième visite officielle vise à suivre l?état d?avancement des travaux réalisés sur les sites et les opérations de relogement des familles sinistrées. Les autorités locales dressent un bilan optimiste attestant que la prise en charge des familles a été assurée dans de bonnes conditions et qu?un nombre important a pu être relogé dans les délais fixés. En effet, le wali d?Alger, Abdelmalek Nourani, a présenté samedi dernier devant l?APW un bilan «très positif», selon lequel la quasi-totalité des sinistrés a pu être relogée alors que les centres d'hébergement provisoire ont été fermés et que les établissements scolaires réquisitionnés ont repris leur activité. Les familles ont soit regagné leur logement réhabilité, soit bénéficié d'un relogement définitif ou provisoire. Il est à noter que pour Alger seulement, plus de 85 000 logements ont été touchés, dont près de 6 700 ont été déclarés irrécupérables et 2 000 se sont effondrés, partiellement ou totalement. Sur les 57 communes que compte la capitale, 41 ont été déclarées sinistrées. Des chiffres alarmants qui témoignent de l?ampleur des dégâts occasionnés par cette catastrophe. Par ailleurs, plus de 12 000 familles ont été réparties sur 11 000 tentes. Elles y ont vécu et vivent encore depuis plus de six mois dans des conditions précaires et insupportables où les moyens rudimentaires sont inexistants. Le même responsable a indiqué que 6 800 logements seront démolis, alors que 78 000 autres ont bénéficié d?un programme de réhabilitation. Pour les infrastructures maritimes et routières, le ministre des Travaux publics a affirmé que les travaux ont été réalisés à 99 %, un projet qui a coûté près de 2,4 milliards de dinars. En revanche, sur le terrain, beaucoup reste à faire, car le programme de 8 000 chalets, retenu par le gouvernement, a permis, à ce jour, le relogement de 3 000 familles à Alger uniquement. Dans plusieurs camps de toile faisant partie du décor des deux wilayas d?Alger et de Boumerdès, des sinistrés attendent la délivrance après le ramadan. En attendant, ce sera un Aïd sous la tente, la pluie et le froid. Il faut dire que les projets de réhabilitation et de reconstruction et d?installation des chalets ont démarré tardivement, deux mois plus tard, et ce, en raison de nombreux problèmes matériels et administratifs rencontrés ainsi que du manque de coordination entre les différentes autorités. Ainsi beaucoup reste à faire. Le président, qui a promis que les sinistrés seront relogés avant l?hiver, verra-t-il cette affreuse réalité que les responsables locaux tentent de cacher en recommandant, quelques jours avant sa visite, des travaux de réhabilitation dans les camps des sinistrés et dans les ruelles des villes, prévus dans l?itinéraire du président ?