Drame n Une des conséquences de l'invasion américaine est sans conteste l'exode massif des populations. Un million neuf cent trente mille neuf cent quarante-six personnes avaient fui leurs régions d'origine depuis l'invasion américaine de mars 2003, estime le Croissant-Rouge dans son dernier rapport. Ce chiffre a connu une augmentation vertigineuse de 71,1 % au 31 août dernier par rapport au mois de juillet. La capitale Bagdad prend les devants avec 96,4% des nouveaux déplacés. Elle compte aujourd'hui près d'un million de déplacés pour une population totale estimée entre 4 et 5 millions d'habitants. Après l'invasion américaine en mars 2003, l'attentat contre le mausolée chiite de Samarra en février 2006, qui a déclenché les violences interconfessionnelles dans tout le pays, a marqué le signal de l'exode. Des milliers de chiites ont fui les zones sunnites et vice-versa. De nombreux chrétiens ont également fui les zones sunnites pour aller au Kurdistan irakien, où de récents bombardements turcs et iraniens sur des localités frontalières ont, là aussi, provoqué la fuite de milliers de villageois. Le nombre de déplacés irakiens est depuis lors en constante augmentation, avec le triste record du mois d'août. Les déplacés irakiens se divisent en cinq catégories : ceux qui trouvent refuge chez des proches, dans des bâtiments gouvernementaux, qui louent des appartements, qui construisent des habitations sur des terrains inoccupés, et, enfin, les plus démunis, ceux qui ont trouvé refuge dans des mosquées. Près de 77 % des déplacés sont des femmes et des enfants, dont la plupart sont pauvres, malades et souffrent même de malnutrition, avec un accès limité aux infrastructures de santé et aux services de base. A ces déplacés s'ajoutent plus de deux millions de réfugiés irakiens, qui ont fui leur pays pour trouver refuge en Syrie (1,4 million) et en Jordanie (entre 500 000 et 750 000), selon le Haut-Commissariat aux réfugiés (HCR). L'exil des Irakiens est le plus important mouvement de population dans la région depuis l'exode d'une partie des Palestiniens après la création de l'Etat d'Israël en 1948 Pour le Croissant-Rouge irakien, l'une des très rares organisations humanitaires encore actives dans le pays, il s'agit là d'une «tragédie humaine sans précédent» dans l'histoire de l'Irak. «Ces dramatiques événements, associés à des décennies d'oppression et de sanctions, ont déchiré le tissu social et la société irakienne», s'inquiète l'organisation. Seule note d'espoir, les données suggèrent que la recherche d'un nouveau toit ne se fait pas nécessairement sur des critères confessionnels ou ethniques. De nombreuses familles sunnites et chiites cherchent refuge dans des zones mixtes, contredisant la thèse d'un inexorable fractionnement communautaire.