Vocation A 6 ans, il voit un oiseau pour la première fois de sa vie. A 9, il attrape son premier. Aujourd'hui, à 36 ans, il est connu à travers toute l'Algérie, de l'Est à l'Ouest, comme étant le plus grand oiselier. Mahmoud, enfant de Bab El-Oued, est considéré par ses pairs comme étant celui qui a transformé, avec d'autres, cette passion à mettre du baume au c?ur en un véritable commerce qui brasse des millions, voire des milliards. Ses folles pérégrinations commencent tout d'abord par l'école buissonnière dans laquelle il connaît les balbutiements d'un métier passionnant et passionnel, avec la pression des «profs» en moins. Il ne suffit pas de dresser un guêpier au moineau ou au chardonneret pour prétendre devenir un oiselier, il faut beaucoup plus. La patience d'abord. Les astuces ensuite pour qu'enfin connaître tout, absolument tout, sur les chardonnerets, serins et autres canaris. «Avant d'arriver là où je suis, j'en ai vu des vertes et des pas mûres. Mais l'amour que j'ai eu et que j'ai toujours pour les oiseaux m'a permis de franchir toutes les étapes.» «Je me promenais tous les jours en fouillant les buissons, jetant la glu de place en place avec quelques brins d'avoine ou de mil, et c?est de cette manière que j?ai pu devenir oiseleur.» «Etant enfant rusé, je cachais mes rets sur le muguet ; je posais des pièges et je guettais à travers l?osier et le romarin», ajoute-t-il fièrement. Vint ensuite la période de l'expérience et des erreurs qui lui ont coûté plusieurs oiseaux dans sa propre nichée. «J'ai compris, par la suite, qu'il faut prendre soin de son chardonneret comme on prend soin de ses enfants et c'est à partir de là que je me suis senti responsable d'une chose précieuse : leur vie qui dépendait en quelque sorte de moi», renchérit-il. Et ce n'est qu'après plusieurs années passées avec les oiseaux en vase clos que Mahmoud comprend qu'il s'est découvert plus qu'une passion, une autre vie réservée presque, exclusivement, aux petits aux ailes chatoyantes. «J'ai ensuite tissé des liens avec d'autres personnes tout aussi passionnées que moi, nous avons formé ensemble un groupe d'ornithos. Par la suite, le commerce est devenu presque une chose tout à fait normale puisque le clan restreint a commencé à s'agrandir. Il y avait des gens qui venaient de l'intérieur du pays pour s'approvisionner. C'est de cette manière que la passion est passée au stade du commerce», conclut-il fièrement.