Bilan n La grille spécial ramadan offre, chaque année, une programmation insipide. A chaque ramadan, la télévision algérienne – le service de programmation – s'évertue à tracer une grille visant à plaire, à être à la hauteur des aspirations et des attentes du téléspectateur. Il semble – comme chaque année – que ses tentatives se révèlent littéralement vaines. Chaque année, et à la veille du mois sacré, les responsables de l'Entreprise nationale de la télévision (Entv) invitent les journalistes au siège de l'Unique pour un point de presse consacré à la traditionnelle présentation de la grille spéciale ramadan, réitérant alors le même argument : «Cette grille a été élaborée sur la base de l'expérience de l'an dernier, et en tenant compte et des critiques de la presse et des avis du téléspectateur.» Et comme chaque année, le résultat est aussi déplorable que celui des années précédentes. Le contenu – notamment celui entre el iftar et le journal télévisé – s'avère excessivement creux et, de surcroît, insuffisant – pour ne pas dire, par décence, médiocre. Certains des téléspectateurs interrogés le qualifient railleusement de piètre «bêtisier», d'autres alors préfèrent utiliser le vocable d'«inepte». Commençons, d'abord, par la rituelle caméra cachée : si l'an dernier, elle a raflé, avec Mourad Khan, un certain succès, un succès conséquent auprès du téléspectateur, il se trouve cependant que cette année – avec le même nom puisqu'il est partie prenante de l'émission – elle s'est heurtée au mécontentement et à l'indignation du public qui a vu une impertinence dans la manière dont le jeu est mené. D'autres, en revanche, ont déploré l'aspect répétitif de la caméra cachée : «A chaque partie de l'émission, on invite une personnalité de la culture pour la piéger de la même manière que celle qui l'a précédée et de la même façon que celle qui va suivre. A la longue, et au bout de trois ou quatre épisodes, ça devient systématiquement monotone et ennuyeux», ont relevé plusieurs téléspectateurs. Effectivement, la caméra cachée, telle que présentée, a manqué de diversité et surtout d'imagination, particulièrement de tact et d'esprit, d'humour et de convivialité. Pareils pour Hal oua H'oual, Bla Zâf, Khfif oua d'rif qui sont autant de séries, de sketchs tentant, à travers des historiettes, de créer, d'une manière comme d'une autre, un humour, mais cet effort se révèle, lui aussi, infructueux à défaut, toujours, d'imagination, de talent, voire de professionnalisme. Enfin, quant aux feuilletons, à l'exemple de Layali el baydaâ (les nuits blanches), le constat est le même : l'intrigue, qui manque de dramaturgie, de mouvement et de vraisemblance, se déroule paresseusement – cela crée à l'évidence un certain malaise et une lassitude – et ça tourne en rond. Seul Mawïd maâ el kader (rendez-vous avec le destin), un feuilleton réalisé par Djaâfar Gacem a fait exception : il a cherché à sortir du lot, et ce, de par la trame, le casting, le jeu et même de par la technique de réalisation – même si parfois il a présenté, çà et là, quelques lacunes et contradictions, manquant alors de crédibilité notamment au plan du scénario. Il reste toutefois dans l'ensemble appréciable – et inédit dans la mesure où il s'agit d'une façon nouvelle de faire un feuilleton. Mais ce que l'on retient en effet de ce feuilleton, ce n'est certainement pas l'histoire, mais c'est bien le côté technique : le générique, la chanson qu'interprète Amel Wahbi et surtout la façon dont il a été tourné (prise de vue, plans des séquences, l'habillage de l'image et le montage des scènes). Ainsi, adoptant une dynamique qui privilégie le rebondissement de l'action, un ton jeune (casting), une coloration neuve, un habillage tendance, une approche filmique d'inspiration cinématographique, Djaâfar Gacem – un réalisateur qui s'est révélé et s'est imposé, en conséquence, dans le domaine de l'audiovisuel grâce au fameux sit-com Ness Mlah City – a su, et a réussi, à relever le défi : créer un audimat.