Audiovisuel n Les acteurs algériens sont des comédiens de circonstance. ils n'activent que le temps d'une courte saison. La télévision algérienne consacrera, dans sa nouvelle grille des programmes spécial ramadan, une grande part du volume horaire, à la production nationale, à savoir 73, 69%, soit 409 h. Il se trouve que la grille proposée aux téléspectateurs n'a rien d'inédit ni même d'attrayant. La programmation se révèle, chose curieuse, identique – ou presque – à celle de l'année dernière. Le public retrouvera pratiquement le même contenu : ses séries humoristiques et ses feuilletons dans le genre drame social, son feuilleton religieux ou historique, ainsi que ses émissions de variétés ou religieuses. En somme, c'est le même schéma qui se dessine, semble-t-il, et cela depuis quelques années, sur le petit écran. Ce qui semble revenir, d'année en année, comme un leitmotiv, c'est bien les têtes des comédiens – ou simplement acteurs – qui, paraît-il, «cartonnent» dans les feuilletons ou sit-com. Lakhdar boukheras, kamel Bouâkaz, Souileh, Atka, Khadra, Hichem Mesbah ou encore Mohamed Ajaïmi et bien d'autres paraissent devenir des habitués du petit écran. On les retrouve pratiquement chaque année dans tel ou tel jeu. Cette même apparition fait que le contenu de la grille devient familier, voire routinier. Les téléspectateurs s'en lassent vite et ne prennent pas au sérieux le produit télévisuel qui leur est proposé. En plus, fait propre au paysage audiovisuel algérien, ces acteurs n'investissent le petit écran que durant le ramadan : sur les douze mois de l'année, ils n'exercent leur profession d'acteurs ou de comédiens que lors d'une seule – et courte – saison. Le reste de l'année, ils sont absents de l'écran, chacun s'en allant vaquer à ses occupations quotidiennes. Cela revient à dire que la production nationale n'est active et prolifique que pendant le mois de ramadan. Cela revient aussi à dire qu'elle est circonstancielle tout comme le travail d'acteur. La télévision fait appel à eux juste pour le mois de ramadan, seulement pour «colmater» sa grille conjoncturelle – il est à relever qu'au cours de l'année les programmes du mois de ramadan sont repris et rediffusés. Nos acteurs sont alors des artistes de circonstance. En dehors du paysage audiovisuel, celui monopolisé par l'entreprise publique de télévision (Eptv), nos acteurs chôment – artistiquement parlant. Leur carrière artistique dépend entièrement du bon-vouloir, et de la générosité, de la télévision. l Si le paysage audiovisuel algérien connaît une léthargie, c'est uniquement parce que la télévision est publique et, du coup, ce paysage est étatique. Tant que le paysage audiovisuel n'est pas ouvert aux opérateurs privés, cette regrettable réalité perdurera. Car l'étatisme et surtout le monopole freinent les initiatives individuelles et endiguent la créativité. Si les chaînes arabes, notamment satellitaires pulvérisent le taux d'audience et suscitent l'intérêt des téléspectateurs algériens, intérêt de plus en plus croissant, c'est parce qu'elles sont privées et qu'elles encouragent et dopent la production, tous genres confondus. D'où l'incapacité de la télévision algérienne de les concurrencer aussi bien en quantité qu'en qualité. Ceci pour dire que l'absence d'une production permanente créé un vide sidéral. Et c'est pour cette raison que pour combler les tranches horaires, la direction de la programmation recourt à des programmes étrangers (arabes et occidentaux). À défaut d'une production nationale, solide, imposante et constante, notre télévision censée véhiculer les valeurs de l'identité algérienne et sa culture, perd de son algérianité et devient une télé hybride, sans marque ni distinction. L'on assiste alors à une acculturation du téléspectateur algérien.