Caméléon n Il faut vraiment être le Mouloudia d'Alger pour annoncer le départ officiel d'un entraîneur et la désignation de ses remplaçants intérimaires puis son contraire quelques heures plus tard. Une fois n'est pas coutume, c'est toute la presse algérienne qui a été prise à contre-pied par ce véritable coup de théâtre à… l'italienne. En effet, hier, journaux et radios, et sans la moindre nuance, annonçaient le départ d'Enrico Fabbro à la suite de la défaite contre la JS Kabylie, jeudi soir lors de la 8e journée du championnat. Comment ne pas le croire et l'annoncer lorsque c'est le président en personne, Sid-Ahmed Kercouche, et le porte-parole du club, Djamel Rachedi, qui le confirment sur les médias lourds avant de se rétracter lors d'une conférence de presse tenue hier au siège du Mouloudia à Chéraga. La nuit, nous dit-on, porte conseil, pas celle du jeudi à vendredi, mais bien celle de vendredi à samedi, soit à l'issue d'une réunion marathon de l'état-major du club qui a débouché sur des décisions que le tout le monde avait répercutées : départ de Fabbro, désignation de Zenir et Mekhazni pour le remplacer, exclusion du joueur Hamadou, sanction d'autres joueurs et purge au mercato, entre autres. Que s'est-il alors passé dans la nuit de vendredi à samedi et dans la matinée de samedi pour que Fabbro soit reconduit dans ses fonctions et reprenne le chemin des entraînements à la grande surprise des joueurs eux-mêmes ? Une altercation a même eu lieu entre l'entraîneur italien et le défenseur malien Moussa Coulibaly, pour illustrer ce retour musclé de Fabbro qui aurait décelé des choses pas claires au sein de son équipe et lors du match contre la JSK. Tout le monde en parle, mais personne ne va au bout de ses idées ou de ses croyances. Intrigues, suspicions, jeux troubles, tout s'entremêle à la manière d'un film noir ou d'un polar. Quelles sont vraiment les véritables raisons qui ont poussé un président à engager sa parole avant de se rétracter ? Est-ce une intervention de Rachid Marif, depuis Rome, comme l'a déjà pris de plus belle la rumeur ? Est-ce pour des considérations financières vu que le contrat du technicien italien court jusqu'en 2009 et qu'il faudra lui assurer de fortes indemnités ? Ou est-ce simplement gênant de mettre à la porte un entraîneur qui vient de décrocher un mastère qui lui permet de coacher une équipe de la série A italienne et qui a vu son travail de préparation mis à terre par une programmation catastrophique de la LNF et un comportement irresponsables et douteux de plusieurs joueurs ? C'est un tout, au Mouloudia d'Alger dont les dirigeants ont fort à faire en matière de gestion de la ressource humaine pour comprendre comment des joueurs dits professionnels et de surcroît chouchoutés, trichent sur leur hygiène de vie ou se permettent de se marier en pleine saison de compétition, que d'autres font la gueule parce qu'ils n'ont pas pris une voiture offerte par un sponsor, que certains font la fête après une défaite cuisante ou que quelques-uns adressent des bras d'honneur aux supporters. Des phrases sont lâchées : «Des joueurs ont trahi !» «Trahi qui et quoi ?» «Certains joueurs ne sont pas dignes de porter le maillot du MCA !» Qui sont-ils et seront-ils vraiment sanctionnés pour de vrai ? Les dirigeants sont unanimes, ils ont mis le doigt sur le véritable mal, mais pourront-ils changer quelque chose lorsque leur crédibilité est remise en question en prenant des décisions contradictoires toutes les dix minutes. Il faut y croire. Et croire à la révolution que l'on nous annonce.