«Oui, je sais que j'accuse un retard de deux semaines par rapport à mes coéquipiers. Ici, en Pologne, je vais travailler d'arrache-pied pour refaire mon retard.» * Alors Madjid, comment est l'ambiance au sein du groupe ? Elle est impeccable. Les joueurs sont tous des enfants de bonne famille. Ils m'ont beaucoup aidé à m'adapter à ma nouvelle équipe et je tiens à les remercier. Au Mouloudia, il y a des jeunes qui veulent vraiment bien faire. Cette ambiance que je découvre est tout le contraire de ce qu'on m'a dit du club lorsque j'étais en France où on me parlait de l'existence de clans. * On vous a alors dressé un tableau noir du Mouloudia... Pas du Mouloudia particulièrement, mais du football en Algérie. Comme tout le monde le sait, il y a deux mentalités différentes. Nous les émigrés, on s'entend très bien avec les Français et les émigrés comme nous, alors que les locaux s'entendent tous entre eux. Sincèrement, je n'ai rien à dire. Les joueurs sont au petit soin, ils font tout pour m'aider à m'adapter à mon nouvel environnement. Personnellement, je suis très surpris. Je me sens chez moi déjà, bien que je ne sois dans le groupe que depuis deux jours. De ce côté-là, je n'ai rien à dire. * Vous êtes là depuis deux jours seulement. Peut-on connaître les véritables raisons de ce retard ? Lorsque je suis venu signer au Mouloudia, j'avais fait un aller-retour en 24h. Après avoir pris l'avion le mercredi matin vers Alger, je suis retourné à Paris le lendemain jeudi car j'avais des affaires à régler. D'où mon retard. Je profite de cette occasion pour présenter encore une fois mes excuses aux responsables du club. * Mais sur le plan physique, vous accusez un retard de deux semaines par rapport à vos coéquipiers… Oui, je sais que j'accuse un retard de deux semaines par rapport à mes coéquipiers. Ici, en Pologne, je vais travailler d'arrache-pied pour refaire mon retard. * Alain Michel n'est pas inquiet car, selon lui, vous allez vite retrouver votre forme physique… Je l'espère. En tout cas, le travail est la clé de la réussite. Pour ce qui est du volet physique, c'est très important pour moi. Personnellement, je me base beaucoup sur la condition physique. Contrairement à Khenniche et Mokdad qui misent sur leur technique. Il ne faut pas oublier que je suis un avant-centre et mon rôle est de marquer des buts. * Quelles sont les raisons qui vous ont poussé à quitter l'US Créteil pour venir en Algérie rejoindre le MCA ? Il y a plusieurs raisons. Je voulais goûter au championnat algérien comme Farès Khenniche. Je suivais de très près le championnat et c'est ça qui me manquait. J'ai décidé de venir au Mouloudia surtout qu'il y a Alain Michel, un entraîneur que je connais bien et qui connaît assez bien mes capacités. En plus, au Mouloudia, il y a la ferveur du public, amoureux du football, mais surtout de son équipe. Et puis, je suis venu avec des ambitions. * Ne craignez-vous pas de revivre le même scénario que Bencharif ? Je sais qu'ici, on ne marque pas beaucoup de buts, mais je suis sûr que ce n'est pas un problème d'attaquant, c'est un plutôt un problème d'animation de jeu. En plus, il y a des joueurs qui viennent de l'étranger, mais n'arrivent pas à s'adapter. Pour moi, ça marche bien et je suis confiant en mes capacités. Le plus important, c'est de ne pas tricher et de donner le maximum. * Vous avez parlé d'ambitions, entendez-vous par là que vous visez la sélection nationale ? Sélection, non ! C'est prématuré d'évoquer la question. Moi, je suis quelqu'un de modeste. Mon seul objectif : travailler dur pour retrouver ma forme normale et ensuite marquer des buts car c'est mon métier. Après, on pourra peut- être parler d'équipe nationale. Chaque joueur rêve de porter les couleurs de la sélection de son pays, mais il faut au moins un minimum de respect. Un respect aux gens qui sont actuellement en EN, surtout les joueurs. * On sait que vous vous exprimez mieux sur une pelouse gazonnée, mais le club n'a toujours pas tranché officiellement entre Bologhine et le 5-Juillet. Qu'est-ce que vous préférez ? Tout d'abord, lorsque j'ai signé, on m'avait dit que le club allait recevoir la saison prochaine au stade du 5-Juillet. Cela a influé beaucoup sur la décision que j'ai prise. Maintenant, si on joue à Bologhine, c'est une autre histoire. Depuis que j'ai commencé à pratiquer le football, je ne jouais que sur des pelouses gazonnées, le peu de fois que je m'entraînais sur du synthétique, ça ne me plaisait pas. Je vais essayer de m'adapter et puis, c'est tout.. * Vous étiez courtisé par l'ES Sétif et la JS Kabylie qui, paraît-il, vous auraient fait des propositions plus intéressantes, mais à la dernière minute vous avez choisi le MCA. Qu'est-ce qui a motivé votre décision? Oui, c'est vrai. L'offre que j'ai eue de l'ESS était supérieure à celle du Mouloudia, mais pour moi, l'argent n'est pas tout. Il y a d'autres considérations. Je me voyais déjà porter les couleurs du Mouloudia d'Alger au stade du 5-Juillet. En plus, il y a Khenniche et Alain Michel qui ont influé sur mon choix. D'autre part, des gens très proches de moi n'avaient pas cessé de me parler du Mouloudia qui est un très grand club en Algérie. Pour l'ESS, je suis vraiment désolé. * Au Mouloudia, il y a eu tout un renouveau, puisque certains cadres de l'équipe sont partis, il n'y a maintenant que des jeunes. Que pensez-vous de cet effectif ? Bon, moi, je n'étais pas là la saison passée pour pouvoir dire qu'il y a une différence ou non. Personnellement, je préfère une équipe jeune car les jeunes ont cette envie de réussir, de se faire un nom. Et c'est ce qu'il y a au Mouloudia. Il y a des jeunes talents qui ont le potentiel et qui peuvent faire des merveilles, seulement ils doivent travailler plus pour atteindre un niveau supérieur. * On nourrit beaucoup d'espoir sur vous pour résoudre le problème de la ligne offensive et surtout pour contribuer au sacre que les Chnaoua attendent depuis 10 ans… Ah, oui ! Moi, je suis un avant-centre, donc il faut que je sois bien servi parce que je joue beaucoup plus en profondeur. En plus, l'équipe ce n'est pas moi tout seul. Il y a onze joueurs, les supporters, le staff technique, les dirigeants du club. Tout le monde doit contribuer aux succès de l'équipe. * Mais au MCA, il y a une pression terrible du public. Le savez-vous ? Oui, je le sais. On m'a dit qu'au Mouloudia, il existe une grande pression. On m'a dit que si ça marche bien tant mieux, sinon il y aura les insultes, les cris, les nerfs, les bagarres… Maintenant si on m'agresse ou on touche ma famille, c'est un autre débat. Il faut que les gens sachent qu'on est des êtres humains comme eux. Et si ça ne marche pas, je serai le premier à être déçu avant eux, car je ne suis pas un tricheur, je défends les couleurs de mon équipe à fond. * Pour conclure, vous allez avoir comme concurrent le jeune Amroune qui, malgré son statut de joker, a prouvé la saison dernière en inscrivant des buts, et même décisifs… Non, vous vous trompez. C'est moi qui suis son concurrent. Lui, il était là la saison passée, alors que moi je suis venu cette saison. C'est un joueur pétri de talent. La preuve, il a inscrit des buts la saison passée. Même si je serai son remplaçant, il n'y aura aucun problème. Ce n'est pas une honte d'être le remplaçant d'un joueur. Dans ma carrière, je suis resté à maintes reprises sur le banc. Entretien réalisé par Hamza Rahmouni