Résumé de la 3e partie En une minute Christie s?est décidée. Elle quitte le bureau, rentre chez elle et fait sa valise très vite. Mort ? Mort comment, vous n?avez pas signalé ce décès à l?état civil ? ? Non. ? Pourquoi ? Il est mort d?une manière anormale ? ? C?était un accident? ? Puisque c?était un accident, je ne vois pas pourquoi vous ne l?auriez pas déclaré ! ? Nous nous sommes affolés. ? Qui nous ? ? Le père et moi. ? Qui est le père ?» Christie se tait, en se mordant les lèvres. «Qui est le père, mademoiselle ? ? Jean S? Il est industriel, il est marié, vous comprenez ? ? Peu importe. Que s?est-il passé ? ? Le bébé est mort, dans un accident de voiture, deux jours après sa naissance. C?était dans sa voiture, sa voiture à lui. Il ne pouvait pas déclarer l?accident sans que tout le monde sache. ? Sache quoi ? ? Qu?il était le père de l?enfant, mon amant, et sa femme aurait tout appris. Le juge a l?air passablement dégoûté lorsqu?il demande : «Qu?avez-vous fait de l?enfant ?» ? C?est lui qui l?a enterré». Christie est en prison depuis deux heures lorsqu?un policier se présente dans le bureau du P-DG, Jean S? Il ne bouge pas un cil, en écoutant les motifs de cette visite surprise. Il renvoie sa secrétaire et demande qu?on ne le dérange pas. Puis il parle. Sèchement. «Ma maîtresse a eu deux enfants. Elle les a placés à l?Assistance publique, et elle devait faire de même pour le troisième. Nous prenions des précautions pour que notre liaison ne soit pas connue. Dans ma position, c?est normal. Elle a dissimulé ses grossesses et accouchée dans une clinique privée, différente à chaque fois. Elle venait d?accoucher d?une fille, avec difficulté, et le médecin ne voulait pas la laisser sortir. Je me suis donc chargé d?emporter l?enfant». IL a dit «emporter» comme s?il s?agissait d?un paquet, et il continue sans s?émouvoir. ? J?ai placé le bébé dans un berceau, sur la banquette de la voiture et je suis parti en direction de La Haye. La clinique était à quarante kilomètres au sud de la ville. Je conduisais un peu vite. Dans un virage, ma voiture a dérapé, j?ai heurté le fossé, puis un arbre, et j?ai eu la chance de m?en tirer. L?enfant a été projeté contre le tableau de bord. Il est mort sur le coup. C?est là que j?ai pris la décision de l?enterrer. Je ne pouvais pas me présenter à l?Assistance publique avec un enfant mort. Je ne pouvais donner aucune explication, sans que ma liaison avec Christie ne devienne évidente. Christie a compris d?ailleurs. Je reconnais m?être affolé. J?aurais dû laisser les choses suivre leur cours, mais c?était inutile, au fond. Cela ne changeait rien à la mort de l?enfant. ? Et vous l?avez enterré où ? ? Dans un champ à quelques kilomètres de ma propriété de campagne. ? Je suis obligé de vous arrêter, monsieur, l?enquête ne fait que commencer, et le juge vous a déjà inculpé d?homicide, de non-assistance à personne en danger, et d?inhumation illégale, sur le témoignage de la mère de l?enfant. ? Puis-je prendre contact avec mes avocats ? ? Faites?» Il prévient ses trois avocats, avec précision et sans mots inutiles, puis il demande à sa secrétaire de téléphoner à sa femme. ? Qu?elle se mette en rapport avec les avocats, ils lui expliqueront? Parce qu?il ne prend pas, même pas, la responsabilité d?annoncer à sa femme qu?il la trompe depuis dix ans, et qu?il est assassin présumé. Car il est un assassin présumé. Le juge le lui fait comprendre immédiatement : «Vous affirmez qu?il s?agissait d?un accident.» (à suivre...)