Résumé de la 2e partie Christie appelle son amant et père de son enfant. Agacé, celui-ci lui raccroche au nez. C?est une dame, elle dit que c?est urgent et personnel? ? Je suis occupé, enfin ! De quoi s?agit-il ? ? Je ne sais pas, monsieur, cette dame ne veut pas dire son nom. ? Comment ça ?? ? Non, monsieur. J?ai eu beau lui dire que je ne pouvais pas passer une communication de ce genre, elle insiste, elle dit que c?est très important pour vous. Jean lève les sourcils d?étonnement. Il a le front haut et le sourire hautain. Les traits fins, presque immobiles : «C?est une plaisanterie ?» ? Non, monsieur, cette dame a l?air affolé? ? Passez-la moi ! Il a dit ça en maître, excédé d?être dérangé pour rien, mais à peine entend-il la voix de Christie qu?il bougonne : «Bon sang, qu?est-ce qui se passe ? Tu es folle, rappelle-moi au bureau !» Et il raccroche ! Il a raccroché ! Il ne veut même pas savoir ce qu?il y a d?urgent. Il ne réalise pas que sa maîtresse vient de transgresser pour la première fois leur règle de discrétion, et que si elle l?a fait, c?est pour une chose grave. Il est comme ça : dictateur, maître en tout, et en tout lieu. Prétentieux jusqu?à la bêtise, ce qui est le comble pour un homme intelligent comme lui. A l?autre bout du fil, Christie contemple l?appareil. A la peur, qui la torture depuis la visite de l?enquêtrice, vient s?ajouter l?angoisse. Celle d?être abandonnée lorsqu?un homme ne vous consacre que quelques heures par semaine. Abandonnée, quand il vous dit : «Je ne veux pas de cet enfant»? Elle le sait depuis longtemps, Christie. Mais la voilà qui, tout à coup, se sent vraiment abandonnée pour la première fois. Parce qu?il a raccroché, alors qu?elle meurt de peur, qu?elle sanglote de peur en fixant devant elle sur la table la carte de visite de l?enquêtrice, avec son numéro. Et si elle lui racontait tout ? Si elle le dénonçait, lui ? Non, ce ne sont que des menaces, l?administration n?a pas le droit de l?obliger, c?est impossible, et pourtant? Alors elle n?a qu?à partir. C?est ça, partir, et le laisser se débrouiller seul avec la justice. Il n?avait qu?à répondre, il n?avait qu?à l?aider, lui dire quoi faire. Puisqu?il ne veut pas, elle va disparaître, c?est le mieux. Ainsi personne ne remontera la piste jusqu?à lui, puisque personne ne sait qu?ils sont amants. En une minute, Christie s?est décidée. Elle quitte le bureau, rentre chez elle, et fait sa valise, très vite. A la concierge étonnée, elle dit : «Je pars pour plusieurs semaines, une histoire de famille». Et elle se réfugie à l?hôtel. Car elle ne sait pas où aller et elle n?a pas suffisamment d?argent sur elle pour un voyage à l?étranger. Une semaine passe. Elle imagine que Jean doit s?inquiéter, il a dû téléphoner dix fois depuis son départ, mais tant pis. Il faut que l?enquête de l?administration se tasse, elle reprendra contact plus tard. Quinze jours passent. Christie passe le plus clair de son temps enfermée dans sa chambre d?hôtel. La peur commence à s?évanouir. Lorsqu?on frappe à sa porte, elle ouvre sans méfiance? «Bonjour, mademoiselle, police?» On l?a retrouvée fort simplement, par les fiches d?hôtel déposées à la préfecture de police. L?homme est chargé de la conduire auprès d?un juge d?instruction qui réclame son témoignage. Une information a été ouverte. Christie doit justifier des conditions dans lesquelles elle élève son enfant. Le juge est un homme. Il a le visage sévère. «Mlle Nils, enquêtrice de l?Assistance publique, a signalé que vous refusiez de vous soumettre au contrôle ?» Christie se tasse sur sa chaise. Monsieur le juge, j?ai une déclaration à faire. ? Je vous écoute. ? Mon enfant est mort. (à suivre...)