Leçon n Echaudées par les expériences précédentes, les autorités ont instantanément pensé à la prise en charge psychologique des victimes. Juste en face de la rue où a eu lieu l'attentat, se trouve l'école primaire Fatma-N'soumer. Les élèves, quoique encore sous le choc, ont tout de même repris les cours en ce premier jour de semaine après avoir eu droit à un week-end exceptionnellement prolongé. «Que voulez-vous, il faut bien que la vie reprenne son cours normal. Ce qui s'est passé est certes dur à oublier, mais nous n'avons pas le choix, il faut s'armer de courage et la vie doit continuer», nous dit Kader, employé de l'établissement. Un groupe d'hommes et de femmes, à l'allure d'enseignants, arrive à l'instant et s'apprête à disparaître derrière l'immense portail. Notre interlocuteur nous apprend que ce sont des psychologues et qu'ils sont chargés d'assurer le suivi psychologique des riverains et des témoins de la scène. Une dame fait les présentations. «Nous sommes employés de la direction sociale de Blida et nous sommes réquisitionnés par le ministère de la Solidarité nationale.» Devant le portail sont garés, justement, deux bus de couleur orange portant l'inscription «Solidarité». Nul doute qu'ils relèvent du département de Djamel Ould Abbas. Ce dernier avait, en effet, indiqué jeudi, lors d'une conférence de presse, que ses services avaient affecté 60 psychologues pour suivre les victimes. Un chiffre que confirment les praticiens venus au secours des élèves de l'école Fatma-N'soumer. «Nous sommes répartis en plusieurs groupes. Certains sont chargés de se rendre dans les écoles mitoyennes, d'autres dans les hôpitaux tandis que certains font même du porte-à-porte pour proposer leurs services aux victimes», nous dit M. Mouzaï qui semble être le responsable de son groupe. Les psychologues suivent aussi bien les victimes de l'attentat de Hydra que ceux de celui d'El-Biar, même si, selon eux, le gros du travail se fera à Hydra puisque c'est ici qu'un grand nombre de victimes a été enregistré. Dans quel état psychologique se trouvent les rescapés ? «Il y en a qui tiennent le coup mais d'autres sont carrément au bord de la dépression. Même si l'effroi est le même pour tout le monde. En fait, leur situation diffère selon leur âge, leur sexe et leur personnalité. La foi a aussi son influence en ce sens que ceux qui tiennent le plus le coup sont les personnes qui croient dur comme fer que ce qui leur est arrivé tient de La Volonté de Dieu et sont, donc, résignés à leur sort», explique une psychologue qui fait du porte-à-porte depuis mardi. Mais les plus touchés, demeurent, bien entendu, les femmes et surtout, les enfants. 26 psychologues relevant du secteur de la solidarité ont, en effet, commencé le suivi des victimes dès le jour de l'attentat. Le lendemain, ils sont rejoints par d'autres dépêchés par le ministère de la Santé et le Croissant-Rouge algérien. C'est dire que les différentes catastrophes naturelles et les innombrables attentats terroristes ont donné à réfléchir aux autorités. Une telle prise en charge est primordiale, selon M. Mouzaï. Et le mieux est de l'assurer sans perdre de temps. Car, assure le praticien, «le sujet risque de développer des complications qui peuvent aller de la tristesse morbide à carrément la dépression nerveuse.» Les effets se font déjà ressentir, puisque «certains affichent déjà des signes de rétablissement». Ce qui n'est pas le cas hélas de tout le monde puisque de nombreux témoins de la scène, rapportent les psychologues qui les ont approchés, souffrent toujours du phénomène de «la sensation de répétition», autrement dit, ils entendent encore le bruit de l'explosion et croient que l'attaque se répète. Toujours est-il, les 368 élèves de l'école primaire mitoyenne ont tous repris les cours dans la matinée d'hier et aucun absent n'a été enregistré, nous apprend un responsable.