Constat n Depuis quelques années, des salons d'arts plastiques régionaux sont initiés en vue d'insuffler une dynamique au secteur. Les derniers en date sont les salons de Biskra et de Djelfa qui ont eu lieu au mois de décembre 2007. Si l'organisation se révèle chaotique, il se trouve que ce genre d'initiative est louable. «Certes l'organisation ne se fait pas d'une manière professionnelle, mais les salons artistiques régionaux sont nécessaires, parce qu'ils permettent de mettre en place un environnement favorable à l'échange, au partage d'expériences, à la recherche artistique et aux projets d'avenir», relève Amor Dris Dokman, artiste-peintre, ajoutant : «Ma participation à ces deux salons, ceux de Biskra et de Djelfa, m'a permis de faire des rencontres et de découvrir de jeunes talents. J'ai pu alors constater qu'il y a une bonne recherche – au plan de l'imaginaire et de l'esthétique – dans le travail présenté par les exposants». Toutefois, Amor Dris Dokman déplore que la tendance classique l'emporte sur la quasi-totalité de la pratique picturale en cours. «Le travail présenté aux salons relève d'une peinture décorative, figurative», constate-t-il. Et de poursuivre : «Cela démontre à quel point l'art algérien n'évolue pas, qu'il reste attaché aux vieux canons et modèles d'esthétique. Mais en contre-partie, il y a un effort fait par des enseignants et des artistes pour former et aider les jeunes à faire preuve de plus d'imagination thématique et de créativité artistique». L'art algérien stagne effectivement dans un marasme déconcertant. Plus d'esprit imaginatif ou de sensibilité créative. Plus de poésie ni de naturel. L'on assiste, au regret des professionnels , à des reproductions, à des plagiats et en somme à un travail dépourvu carrément d'intérêt artistique. Il n'y a plus d'écoles ni de références en la matière comme cela était le cas dans le temps, à l'époque de Khadda, d'Issiakhem, de Baya… «Si on en est arrivé là, explique Amor Dris Dokman pour qui la culture et notamment l'art développe le goût, la sensibilité et ouvre l'esprit, c'est parce qu'il n'y a pas vraiment de politique chargée de mettre en place une dynamique visant à optimaliser la création artistique. Il y a aussi que nombre de personnes, la plupart, voient en une œuvre d'art un simple objet de décoration.» Par ailleurs, «il y a des artistes qui refusent de faire l'effort de recherche et de pertinence, mais quand d'autres artistes ne vendent pas leurs œuvres, il se trouve qu'il est tout à fait normal de ne plus pouvoir créer. Il y a des artistes qui font du bon travail mais ils traînent plus d'une dizaine d'années avec la même création, la même collection parce qu'ils n'ont pas trouvé encore preneur. Cet état de fait inhibe tout effort et toute envie de création.» Pour relancer l'art, l'inscrire dans une démarche évolutive et durable, il est, selon Amor Dris Dokman, indispensable de créer un marché de l'art et s'ouvrir, par le biais des rencontres internationales, aux différentes expériences pratiquées, çà et là, dans le monde. «Il faut être à l'affût de ce qui se fait chez-nous comme ailleurs», dit-il. Enfin, Amor Dris Dolman regrette que «la manifestation «Alger, capitale de la culture arabe», qui est une occasion censée promouvoir de jeunes talents, et relancer l'exercice artistique, n'ait pas contribué dans ce sens». «Il y a de l'argent, mais rien n'est fait en ce sens», note-t-il.