Le Ghana, pays organisateur de la CAN-2008, a dû attendre l'année 2006 pour enfin se qualifier à une phase finale de Coupe du monde, celle d'Allemagne, et recueillir cette reconnaissance mondiale qui sied aux grandes nations du football. Pourtant, avec un vivier exceptionnel et inépuisable, le Ghana, surnommé également le Brésil de l'Afrique pour la légèreté et la technique de son jeu qui contraste avec l'engagement et le trop physique des autres pays du continent à l'époque, est dominateur dans les jeunes catégories en trustant plusieurs titres sur le plan international. Mais en 2006, le Ghana sauve l'honneur du continent noir en se hissant au second tour de sa première Coupe du monde avant d'être éliminé par le Brésil, le vrai cette fois, (0 - 3) en huitièmes. Et les Blacks Stars ont séduit le monde, notamment lors d'une partition mémorable face à la République tchèque où ils ont fait étalage de toutes leurs vertus, alliant la puissance physique et les prouesses techniques résolument tournées vers l'offensive. Un jeu africain tel qu'on l'aime, court et rapide, sans calculs, instinctif et spectaculaire. Déjà, il y a un an et demi, le Ghana s'est affirmé comme l'équipe africaine la plus équilibrée et la plus compétitive du mondial. Hier, le Ghana de l'autre vieux routier africain, le Français Claude Leroy, et devant son chaud public de l'Ohene-Djan-Stadium d'Accra, l'a encore prouvé en se qualifiant, en compagnie de la Guinée, aux quarts de finale en réalisant la passe de trois. Trois matchs pour autant de victoire, surclassant une Guinée ambitieuse (2 - 1), une Namibie accrocheuse (1 - 0) et enfin un Maroc décevant (2 - 0). Les coéquipiers de Mickael Essien montent en puissance et rêvent déjà de brandir haut, et pour la cinquième fois (égalant ainsi le record de l'Egypte) le trophée continental le soir du 10 février prochain. Terre de football et traversé par plusieurs influences – britannique évidemment, mais aussi allemande, tchèque, hongroise et brésilienne – l'ex-Gold Coast (Côte d'Or) est considérée comme le second pays à s'être développé sur le plan du ballon rond, après l'Egypte (le plus ancien club, l'Excelsior de Cape Coast est né en 1903). Dans ce pays, le football a été dès le départ, au lendemain de l'indépendance le 6 mars 1957, une affaire d'Etat grâce à son premier Président et chef nationaliste, créateur du Black Star, le Dr Kwame Nkrumah, mais aussi à un grand dirigeant Ohene Djan (dont le stade d'Accra porte le nom), premier directeur des sports. Ce dernier, pour la petite histoire, avait invité Sir Stanley Matthews, premier Ballon d'Or européen en 1956 et futur président de l'UEFA à l'occasion des fêtes de l'indépendance, et, enthousiasmé par la qualité de son football, le joueur Anglais de Blackpool avait prédit un avenir doré pour le football ghanéen. Il ne s'est pas trompé car la terre des Sunday, Abdul Razak, Abedi Pelé, Yeboah et autre Kuffour continue de charmer l'Afrique. Et le monde.