Interpellation n Le ministre chargé du Travail, de l'Emploi et de la Sécurité sociale a appelé, jeudi, les cadres locaux de l'Inspection du travail à s'impliquer dans les conflits de travail, les prévenir ou les régler. Le rôle de l'encadrement local de l'inspection du travail a été profondément remis en cause, jeudi dernier, à l'occasion d'un regroupement des cadres qui a eu lieu au sein du ministère du Travail, de l'Emploi et de la Sécurité sociale à Alger. Les cadres présents ont été vivement interpellés par le ministre Tayeb Louh, lors de l'ouverture des travaux de la rencontre. Les concernés sont tout simplement accusés d'occuper des bureaux et de croiser les bras ; et quand il leur arrive de faire des visites d'inspection, ils «surfent» sur les conditions du travail. Les hostilités ont été ouvertes par le ministre dans un passage ne figurant pas dans sa communication écrite. «Fais travailler ta cervelle», lance M. Louh à l'assistance tombée dans un silence religieux. Auparavant, le ministre déclarait qu'en 2007, suivant le bilan de l'Inspection, qu'une «stabilité relative» a été constatée dans le monde de l'emploi. Un état des lieux favorisé, estime-t-il, par la mise en place des conventions collectives au sein des entreprises économiques publiques et privées. Abondant dans ce sens, l'orateur lance : «Il ne faut pas compter sur l'administration (la Fonction publique) pour lutter contre le chômage. C'est le secteur économique qui crée l'emploi.» Cette «dynamique économique» est cependant cassée par les conflits qui naissent entre les travailleurs et leurs patrons, en dehors de toute intervention des organes locaux de l'Inspection du travail. D'où la réaction de M. Louh : «Il faut prendre des initiatives et ne pas attendre les instructions d'Alger pour bouger. C'est inacceptable. Le travail se fait au niveau local. On ne vous demande pas d'exposer les problèmes, mais de proposer des solutions adéquates pour les régler.» Le ministre donne l'impression d'être intrigué par le fait que, bien que disposant d'un fichier exhaustif sur les entreprises activant dans leurs territoires, les cadres locaux de l'Inspection sont les derniers à être au courant des conflits qui éclatent au sein de ces entreprises. «Il faut régler les problèmes des citoyens. C'est de votre responsabilité», renchérit le ministre. L'orateur croit savoir que les conflits naissent souvent à cause d'une mauvaise connaissance de la législation du travail. Revenant au texte de sa communication, M. Louh a déclaré : «(…) je vous demande de donner toute l'importance au volet relatif à l'image de l'administration et suivre l'évolution du monde du travail ; veiller à une présence plus accrue au sein du monde du travail, à travers une présence qualitative et quantitative pour s'assurer de l'application de la loi, contribuer à la promotion du dialogue social et de la concertation entre les partenaires sociaux et anticiper sur les différents collectifs de travail (…)». Les cadres, eux, se sont contentés de prendre note.