L'administration centrale du ministère du Travail, de l'Emploi et de la Sécurité sociale a haussé le ton, jeudi dernier à l'occasion des travaux du regroupement d'une cinquantaine de cadres de l'Inspection, face à l'encadrement local de l'inspection du travail, accusé surtout de passivité devant les conflits qui éclatent au sein des entreprises économiques. Au moment où on leur demande d'être «agressifs» dans le contrôle, d'avoir un «esprit d'anticipation» sur les conflits, bref de se saisir de leurs prérogatives conformément à la loi, les inspecteurs du travail se contentent, selon leur hiérarchie, de s'en remettre à «Alger» et d'attendre que les instructions viennent d'en haut. C'est que l'heure est grave quand le ministre, Tayeb Louh, lance publiquement (devant la presse) à une cinquantaine de cadres, dont le moins «expérimenté» a entre 15 à 20 ans de service, cette injonction : «Fais travailler ta cervelle !» Le ministre sur un ton aussi ferme a, en outre, demandé qu'on change les mentalités en s'impliquant activement dans le règlement pacifique des conflits entre les partenaires sociaux et de trouver, au niveau local, une solution à un problème local. Des réactions intempestives ont été enregistrées, pas lors des débats de la journée, mais à l'occasion de la pause-café, dans les allées du ministère et lors du déjeuner. Après tout, c'est un problème de taille qui se pose : comment faire surveiller les conditions de travail, dans une entreprise issue d'une économie libéralisée, par un encadrement issu, lui, d'une économie socialiste ?