Résumé de la 53e partie n Emmy sauve Alvirah d'une mort certaine. Rooney, lui, arrête Victoria – la coupable – qui tentait de s'échapper. Si Alvirah Meehan avait pu regarder dans une boule de cristal et y voir les événements qui aIlaient survenir dans les dix jours suivants, elle aurait attrapé Willy par la main et quitté les lieux en vitesse. Au lieu de quoi elle resta assise à bavarder avec les autres invités de l'émission de Phil Donahue. Le thème traité ce jour-là ne concernait ni les débauches sexuelles ni les maris battus, mais les ravages que provoquaient les billets gagnants à la loterie dans l'existence de leurs bénéficiaires. L'équipe de Donahue avait contacté l'Association de soutien aux anciens gagnants de la loterie et fini par sélectionner les cas les plus dramatiques. Alvirah et Willy feraient office de contre-exemple, avait dit la présentatrice. «Quoi qu'elle entende par là», avait conclu Alvirah après leur premier entretien. Pour l'occasion, Alvirah s'était fait teindre en blond vénitien, une couleur qui adoucissait ses traits anguleux. Ce matin, Willy lui avait déclaré qu'elle ressemblait à la jeune AIvirah qu'il avait rencontrée à un bal des Chevaliers de Colomb, plus de quarante ans auparavant. La baronne Min von Schreiber avait fait le voyage jusqu'à New York depuis son centre de remise en forme de Cypress Point à Pebble Beach, afin de choisir la tenue d'Alvirah pour l'émission. «N'oubliez pas de mentionner que votre première décision après avoir gagné à la loterie fut de venir faire une cure au centre, recommanda-t-elle à Alvirah. Avec cette maudite récession, les affaires ne sont pas fameuses.» Alvirah portait un tailleur de soie bleu ciel avec un chemisier blanc et pour tout bijou sa broche fétiche en forme de soleil. Elle eût préféré avoir perdu les dix kilos qu'elle avait repris en septembre pendant leurs vacances en Espagne, mais elle se savait malgré tout agréable à regarder. Agréable de son point de vue, naturellement. Elle ne se faisait aucune illusion, avec sa mâchoire un peu trop saillante et sa corpulence, elle n'avait aucune chance de concourir pour le titre de Miss Amérique. Il y avait deux autres groupes d'invités. Le premier, trois employés dans une usine de lingerie, avait partagé un billet gagnant de dix millions de dollars six ans avant. Persuadés que la chance leur était favorable, ils avaient acheté des chevaux de course et se retrouvaient aujourd'hui ruinés. Les chèques à venir iraient directement aux banques et à l'Etat. Le second, un couple, avait empoché seize millions de dollars, acheté un hôtel dans le Vermont, et depuis il s'échinait sept jours sur sept à couvrir ses frais. Le peu d'argent qui restait servait à passer des petites annonces pour tenter de refiler l'hôtel à quelqu'un d'autre. Un assistant les amena tous au studio. Alvirah avait l'habitude des plateaux de télévision. Elle en savait assez pour se tenir assise légèrement de côté afin de paraître plus mince. Elle évitait de porter des bijoux trop lourds qui pourraient heurter le micro. Elle prononçait des phrases courtes. (à suivre...)