Rencontre n Le colloque international portant sur le thème «Théâtre, cité et citoyenneté», s'est ouvert, hier, samedi, à l'auditorium du théâtre de verdure. Dans son intervention, Makhlouf Boukrouh, universitaire, a estimé que «la ville est un théâtre. La ville d'Alger, à titre d'exemple, est, de par sa configuration géographique, semblable à un théâtre, puisqu'elle se présente comme un amphithéâtre. Elle ressemble à un théâtre grec.» L'intervenant a, ensuite, expliqué que «la ville se définit comme étant un lieu où se tissent les liens sociaux». Cette relation est convertie en une représentation de la vie sociale qui, elle, se traduit, plus tard, sur scène. Hafed Djedidi, universitaire tunisien, a, pour sa part, relevé que «toutes les cités sont amenées à organiser leur espace en fonction de leurs besoins, notamment culturels». Il a, ensuite, déclaré que «le théâtre est un espace vital intégré au tissu urbain», car c'est un lieu où se dit dans un jeu la société. Le conférencier a, ensuite, indiqué que «le théâtre est un espace social, un lieu où se rassemblent et s'expriment toutes les formes et les attitudes sociales», d'où l'étroite relation entre théâtre et ville. Il se trouve que ce théâtre est un espace virtuel, il s'érige par opposition au théâtre de la ville qui, lui, est un lieu réel, un espace marchand des comportements sociaux. Si dans la vie réelle, la société interdit certains comportements, où la liberté d'agir et de dire est régie, réglementée par des codes et conventions, il se trouve, en revanche, que, dans l'espace fictif, qu'est le théâtre proprement dit, la société, juge de notre conduite, autorise pleinement, sans retenue ni interdit, les dérives langagières et comportementales. L'individu se libère alors, il s'exprime publiquement sur scène, au sein même de la cité. Ainsi, le théâtre, «illusion de la vie», se révèle aussitôt «l'expression de la subversion». Ivan Romeuf, directeur du théâtre Lunche, Marseille, a, quant à lui, expliqué que «le théâtre se construit au présent, avec des êtres vivants». Et d'ajouter : «Le théâtre interroge la société.» Cela revient à dire que la société est impliquée dans l'édification du théâtre qui, lui, s'avère un élément essentiel dans la construction de la vie de société. «Le théâtre, plus qu'un divertissement, est moteur du développement de la cité», a-t-il affirmé. Il a, en outre, relevé la nécessité de responsabiliser le citoyen dans les projets culturels. «L'art n'a de sens que s'il s'inscrit dans la préoccupation de la société», a-t-il dit, ajoutant : «Mais afin que le citoyen soit impliqué dans l'action artistique, il faut qu'il y ait des offres et orientations culturelles susceptibles de l'intéresser.» Et de conclure : «L'art doit s'élaborer en présence de trois acteurs : les politiques, les citoyens et les agents culturels.» Toutefois, il doit rester aux mains des artistes, sans perdre de vue le concours des citoyens. S'agissant des politiques, leur rôle consiste à créer un cadre où l'art doit s'inscrire. l Interrogé sur le déroulement du colloque, Redouan Mohamedi, directeur de l'établissement arts et culture, initiateur du l'événement a répondu : «Ce colloque est une suite, l'acte 2, du colloque qui a eu lieu en 2006.» Et d'ajouter : « Ce colloque cherche à répondre aux questionnements restés en suspens depuis, à savoir : Quel rôle le théâtre peut-il avoir, quels défis doit-il avoir ? Quel langage doit-il parler pour communiquer avec la citoyenneté ? » Redouan Mohamed a expliqué que «le théâtre est lié à la citoyenneté», estimant que l'art est une question de partage. «Le partage de l'art fait partie de la citoyenneté», «le partage contribue à créer du lien social et que le lien social renforce l'appartenance à la cité.» Il a ensuite indiqué que «la ville est elle-même un produit culturel», ajoutant : «La transformation et la croissance de la ville constituent de nouveaux vecteurs culturels, des choix de la vie culturelles.» Ainsi, l'évolution du cadre de vie urbain pose des problèmes culturels, tout comme la configuration de la ville fait naître des sous-cultures. Cela transforme la perception des relations cité-citoyenneté, culture-cité.