Choix n Ils (et elles) disent qu'ils ont choisi de vivre en solitaires le restant de leur vie. Ils (et elles) ne trouvent aucun embarras à ce que tout le monde le sache. Pourtant, ils (et elles) ont tout pour réussir une vie conjugale … En Algérie, cette tendance n'a pris de l'ampleur que depuis une quinzaine d'années. Les raisons de cette mutation sont nombreuses dont l'occidentalisation de la société algérienne à travers l'ouverture sur les médias étrangers et les émissions qu'ils diffusent sur le mode de vie et de relations sociales «qui ont séduit nos (intellos) à la recherche de plus de liberté et d'indépendance», souligne le professeur Arab, de la faculté de sociologie à Bouzaréah. Il y a aussi le facteur culturel, car le temps où la femme subissait, sans la moindre réaction, le choix de ses parents (le fameux mariage forcé) est presque révolu, ne serait-ce que pour les grandes villes par exemple. La démographie est aussi pour quelque chose dans ce phénomène. «Il faut savoir que selon les dernières statistiques, le nombre de femmes est nettement supérieur à celui des hommes en Algérie», explique le professeur Arab. Ces célibataires sont-ils heureux ? A les entendre, oui. Hamida, 42 ans, pharmacienne à Aïn Bénian, a longtemps boudé le sexe fort. Cette belle brunette aux yeux noisette en tenue classique (un tailleur), travaille dans sa propre officine, avec deux jeunes pharmaciens assistants qui n'arrêtent pas, dit-elle, de la taquiner par leurs questions et leurs plaisanteries. «Quand est-ce qu'on mangera le couscous ?» ou encore «Et ton prince charmant, tu ne l'as pas encore rencontré ?»… lui demandent-ils de temps à autre. Hamida répond avec humour et sagesse. «El wahch wala lada» vaut mieux être seule que mal accompagnée…Ou encore pour le fameux couscous : «Si vous voulez manger ‘'mon'' couscous, vous pouvez encore attendre longtemps…» Notre pharmacienne célibataire, apparemment heureuse selon son entourage, dit qu'elle ne troquerait jamais sa vie de célibataire contre celle de couple. Mais pourquoi ce choix chez Hamida qui a pourtant tout pour plaire et choisir un bon conjoint ? Selon elle c'est à la suite d'une expérience amère et décevante qu'elle a eue avec un jeune homme dans les années 1980, qu'elle a décidé de prendre le chemin du célibat. «Depuis, je me suis enfermée dans un monde d'isolement, mais sans être malheureuse. Chaque homme qui s'approche de moi me rappelle mon ex-ami (menteur, escroc, égoïste…). Comment alors songer à revivre une nouvelle aventure ? Alors que de nos jours les hommes sont pires… !» raconte-t-elle.