Alger Il y a du sang partout : sur les meubles, le parquet et même sur les murs. Ce soir de juin 2001, D. Kamel fixe, les yeux exorbités, la silhouette allongée à ses pieds : il vient de tuer son meilleur ami ! Le crime dans toute son horreur. Deux coups fatals, l?un au ventre et l?autre en plein c?ur. Il ne se souvient même pas à quelle vitesse il s?est rué vers la cuisine ni comment il est revenu au salon avec le grand poignard qu?il tient à présent dans ses mains tremblantes. Le parquet est couvert de sang et la victime immobile tient encore une grosse chaîne d?or. Tout à coup, D. K. commence à pleurer. Qu?a-t-il fait ? Dans sa tête défilent les images fascinantes d?une belle amitié qui a résisté à tout, jusqu?à ce maudit jour. Frères de sang, comme on aimait à les appeler, voilà qu?aujourd?hui son meilleur ami nage dans du sang qui n?en finit pas de couler, comme si les gouttes sanglantes accompagnaient les larmes du criminel de façon à le torturer davantage, car c?est ainsi qu?a toujours été M. Abderezzak, sensible, il pleurait des malheurs de son ami et se réjouissait de son bonheur. Abattu, D. K. se présente au poste de police et avoue son forfait dans ses moindres détails. Le 30 janvier 2003, le ministère public requiert 20 ans de réclusion criminelle à l?encontre de D. Kamel pour meurtre avec préméditation. Les avocats de la défense ont, pour leur part, insisté sur les bons rapports qui existaient entre l?accusé et la victime. Donc, il n?y avait pas de raison que le coupable prémédite le meurtre. Les deux amis étaient en état d?ivresse. Un malentendu et l?inévitable est arrivé. Cela porte à croire que le coupable a agi sans l?intention de donner la mort. ? Accusé, pourquoi avez-vous poignardé M. A. en cette soirée du 20 juin 2001 ? ? Monsieur le président, ce jour-là précisément, nous avions trop bu. D?abord à la plage de Aïn Bénian, puis dans un bar. Sur le trajet du retour, mon ami me harcelait pour que je lui avance une somme d?argent. C?était devenu une habitude depuis quelques mois, car il avait des problèmes financiers. Je refusais net. Arrivés chez moi, il continua à m?exciter. J?avais bu à l?excès. A un moment, il m?agressa en m?arrachant la chaîne que je portais autour du cou. C?est là que je l?ai poignardé? Après de longues délibérations, la cour condamne D. K. à 11 ans de réclusion criminelle et à 30 millions de centimes de dommages et intérêts à verser au père de la victime.