Résumé de la 6e partie n La police est impuissante, elle n'arrive pas à mettre la main sur Émile Buisson. Mais l'inspecteur Borniche a sa petite idée… Francis Guillo, le fidèle lieutenant d'Émile Buisson, qui est à la Santé, connaît certainement la cachette de l'ennemi public numéro un. Or, Borniche vient d'arrêter un truand de moyenne envergure, André Gaston, un ami de René la Canne, lui-même ami de Buisson, ce qui devrait inspirer confiance à Guillo. Il met le marché en main à André Gaston. S'il collabore, il se fait fort de lui obtenir un non-lieu, sinon les choses suivront normalement leur cours. Le truand accepte, se retrouve dans la cellule de Francis Guillo et gagne sans mal sa confiance. Ce dernier lui donne les coordonnées d'Émile Buisson, à Boulogne. A sa sortie, André Gaston va le trouver et lui propose ses services. Émile Buisson lui parle d'un coup qu'il projette dans l'Eure et lui donne rendez-vous dans un établissement de la région, l'auberge de la Mère Odue. Borniche et sa femme, comme deux clients ordinaires, s'y présentent à sa place. Tout se passe en douceur. Borniche ceinture lui-même Émile Buisson et c'est son épouse qui lui met les menottes. Il faut trois ans d'instruction pour venir à bout des trente-six chefs d'accusation figurant dans le dossier d'Émile Buisson. Celui-ci est fataliste. Il sait qu'il n'a aucune indulgence à attendre de la justice, lui qui est plusieurs fois meurtrier et qui a voulu abattre de sang-froid un motard à terre, mais il veut garder quand même espoir. Il confie un jour à Roger Borniche, avec lequel il a curieusement de bons rapports : — Je sais que vous voulez me faire guillotiner, mais si les Russes et les Américains voulaient bien se foutre sur la gueule un bon coup, j'aurais mes chances... C'est effectivement à la faveur de la guerre et de l'exode qu'il s'était évadé la première fois. Alors pourquoi pas ? Mais les Russes et les Américains n'en viennent pas au conflit et Émile Buisson passe aux assises en décembre 1953. Le dossier d'instruction ne fait pas moins de deux mètres de haut. Des complications juridiques s'y ajoutent, il y a quatre procès successifs et ce n'est qu'en décembre 1955 qu'Émile Buisson est condamné à mort. La dernière personne à l'avoir vu est un inspecteur de la première brigade mobile, Henri Monthieu, agissant sous commission rogatoire du parquet pour avoir des renseignements sur ses complices. Il lui rend visite dans sa cellule quelques jours avant sa mort. En apprenant la raison de sa venue, le gangster hausse les épaules. — Ne compte pas sur moi pour te balancer d'anciens copains. Tu ne crois tout de même pas que je vais parler la veille d'être tranché ? Mais il prie le policier de rester et lui fait d'autres confidences auxquelles celui-ci ne s'attendait pas. — J'attends chaque jour qu'on vienne me chercher pour m'exécuter. C'est un vrai supplice. Tu le sais, j'en ai dans le ventre, mais là, je craque. On devrait être guillotiné aussitôt jugé... Émile Buisson a été exécuté le 28 février 1956 dans la cour de la prison de la Santé. Il est mort courageusement, ce qui n'a surpris personne. Caustique et agressif jusqu'au bout, il a lancé à son avocat, qui n'avait pu le sauver : — La société va être contente de vous ! Ce furent ses dernières paroles.