Lauréate Première femme musulmane à obtenir cette distinction, elle est récompensée pour son action en faveur des droits de l'Homme et de la démocratie. Shirin Ebadi, 56 ans, titulaire d'une maîtrise en droit de l'université de Téhéran, a été la première femme à devenir juge en Iran, en 1974. Elle a siégé pendant quatre ans en tant que présidente de la cour de justice de Téhéran. Après la révolution islamique de 1979, elle est contrainte de quitter son poste, les imams ayant décrété que les femmes étaient trop émotives pour diriger un tribunal. Elle embrasse alors la carrière d'avocate, enseigne le droit à l'université de Téhéran et travaille avec un grand juriste iranien, aujourd'hui responsable du département Iran à la Fédération internationale des droits de l'Homme (Fidh), Karim Lahidji. Rapidement, elle accepte des dossiers délicats qui concernent la défense des droits de l'Homme, des femmes, des enfants. Fondatrice de l'Association pour les droits des enfants en Iran, elle a, en particulier, enquêté sur une série de meurtres d'intellectuels en 1998-1999, et a représenté les intérêts des familles des opposants libéraux Darioush Parvaneh et son épouse Forouhar, assassinés en novembre 1998. Elle a également travaillé activement à révéler ce qui s'est passé en 1999 à l'université de Téhéran lors d'une attaque par les forces de l'ordre et le Hezbollah, où plusieurs étudiants sont morts. Cette affaire lui a valu, en septembre 2000, d'être condamnée à 15 mois de prison avec sursis et à cinq ans d'interdiction d'exercer. Une arrestation qui était loin d'être la première pour une femme qui se bat pour les droits de l'Homme dans une société musulmane ultraconservatrice. Militant pour la reconnaissance d'un statut des femmes en Iran, adversaire résolue du foulard, Shirin Ebadi, mère de deux filles de 20 et 23 ans, a joué un rôle important dans la victoire du réformateur Mohammad Khatami à la présidentielle en 1997. Politiquement, elle est proche du Front national, mouvement nationaliste de centre gauche. «Cela ne changera pas grand- chose pour ma propre vie, mais ce sera très important pour mon travail en faveur des droits de l'Homme et des citoyens en Iran», a estimé ce nouveau Nobel de la Paix, troisième de confession musulmane et onzième femme lauréate depuis sa création en 1901.