Il n'y avait que Lech Walesa et la Communauté de Sant'Egidio pour s'élever, hier, contre l'attribution du prix Nobel de la Paix à une… femme, iranienne, musulmane, Shirin Ebadi. Lech Walesa, dont il est établi aujourd'hui que, de connivence avec la police politique de son pays, avait détourné le combat d'une femme, pour s'imposer comme figure de la révolution syndicale polonaise, fait preuve d'un sectarisme nationaliste et religieux, en proclamant que le prix devait nécessairement revenir au Pape Jean-Paul II. La secte de Sant'Egidio est connue pour sa constante attitude de défense de l'intégrisme musulman, et cette décoration n'est pas faite pour aider sa cause. Mais, pour la démocratie, il est heureux que ce soit un opposant, et de surcroît une femme, à un régime islamiste qui soit reconnu par le plus prestigieux jury du monde. Cette femme de droit, empêchée d'exercer sa vocation de défense des droits de l'Homme, en particulier des droits des enfants et des femmes, avec l'avènement de l'Etat théocratique reçoit là une consécration méritée et salutaire. Les démocrates en terre d'islam ne peuvent que s'en réjouir et les luttes des femmes progressistes du monde musulman n'en seront que plus stimulées. Ce sont leurs chefs d'Etat qui, réunis pour leur dixième sommet à compter du 16 octobre, à Kuala Lumpur, sentiront planer ce sacre comme un témoignage sur la répression des femmes et des droits qui, globalement, caractérise tous leurs régimes. Kuala Lumpur qui, après avoir accueilli l'envoyé très spécial du pouvoir algérien Abassi Madani, recevra, pour la durée du sommet de l'Organisation de la communauté islamique, le président Bouteflika. Après Paris, capitale évoquant les droits de l'Homme et la culture, un périple à travers l'Indonésie, la Malaisie et l'Iran, pour rappeler que les fréquentations américaines et françaises ne démentent point les amitiés islamistes. Une maille à l'endroit, une maille à l'envers ; c'est la technique du tricot qui concilie les contraires. Et sûrement, qu'à partir de Kuala Lumpur, tanière des réseaux et leaders islamo-terroristes, les chefs d'Etat musulmans se fendront d'une de ces déclarations de pure langue de bois dans lesquelles ils savent concilier la nécessaire attitude antiterroriste, 11 septembre oblige, et leur tactique qui s'accommode avec l'islamisme international. Il n'y a pour les citoyens des pays musulmans que des combats individuels, comme celui de Shirin Ebadi, pour les réconcilier avec leur siècle, un siècle de liberté, mais dont leur régime et leurs “mehdis” ont fait un siècle d'obscurantisme et de sang. Pour cette dose d'espoir dans un monde désespérant de régression et de lâcheté, et même si d'autres méritaient ce prix, merci, Shirin ! M. H.