Adage n Pour visiter cette ville et ses plages de rêve, il faut impérativement «prévoir un bon maillot de bain», comme le veut la formule populaire reprise dans tout le pays. Il faut tout aussi obligatoirement emprunter le célèbre «cours de la Révolution» si on veut vraiment découvrir le charme de ladite ville et la beauté de ses sites. Large avenue située au centre de la grande cité tout près du port avec, en perspective, la magnifique route menant vers les plages toutes proches, le cours de la Révolution s'est imposé, en un siècle d'existence, comme le passage obligé sinon le «lieu de pèlerinage» des Annabis comme de leurs nombreux hôtes. Son immense esplanade séparant les deux voies automobiles est, toute l'année, le théâtre d'une animation bruyante et d'un va-et-vient incessant, mais elle est aussi un haut lieu de détente et de rencontres que favorisent les nombreux petits commerces, les marchands de glaces et les kiosques à café qui la bordent dans un environnement vert et assez bien entretenu. Après le départ de ses premiers visiteurs de la journée, les personnes âgées, c'est au tour des écoliers de le traverser à la hâte et des travailleurs d'y faire une pause-café ou feuilleter un journal dans un de ces nombreux bancs qui ornent la place, fierté de cette cité millénaire rebaptisée au moins une dizaine de fois durant son histoire pour s'appeler successivement Hippone, Bouna, Bled-El-Anab, Bône et enfin Annaba, selon les époques. Centre de rayonnement urbain par excellence, cette artère principale adossée à la vieille ville (ex-Place d'Armes) comme pour la protéger, se distingue par ses colonnades majestueuses taillées, dit-on, dans un marbre raffiné, ouvrant des arcades propices à la flânerie et invitant à une halte dans l'un de ces anciens cafés aux plafonds élevés à n'en plus finir et à l'ameublement noble et luxueux, en souvenir d'autres temps. Il s'illustre également par ses édifices prestigieux érigés sur les deux flancs et dont les plus remarquables sont l'hôtel d'Orient (ex-Hôtel de ville), ouvert en 1888, et le théâtre régional inauguré en 1836 et reconstruit en 1954. L'hôtel a un peu perdu de son lustre d'antan, mais continue de participer au charme du cours de la Révolution qui, lui, garde toute sa splendeur grâce aussi à ses espaces verts, ses carrés éternellement fleuris et ses arbres centenaires. C'est un peu la rue «Didouche» pour Alger, le «Front de mer» pour Oran ou encore le «boulevard Belouizdad» pour Constantine. Baromètre de la vie urbaine, modèle de rue passante, ce vaste et long boulevard se retrouve, l'été venu, carrément saturé, de jour comme de nuit, avec l'arrivée dans la ville de millions de touristes, qui ne peuvent pas commencer ou achever leur séjour sans investir au moins une fois cet espace de vie. Le reste de l'année, il peut se transformer, notamment à l'occasion des vacances scolaires et des fêtes religieuses, en centre de loisirs à ciel ouvert, une sorte de fête foraine permanente pour les grands et pour les petits auxquels on propose, entre autres distractions, des circuits en voiturettes ou à motos, au grand bonheur des photographes ambulants qui peuplent, eux aussi, les lieux. Et ce n'est point un hasard si les pouvoirs locaux et une partie de la société civile suggèrent, entre autres moyens de préserver l'intégrité des lieux, que le tracé du futur tramway évite cette place emblématique même s'ils n'ignorent pas que cette infrastructure de transport viendra sans doute conforter l'animation urbaine autour... du cours de la Révolution.