Flambée n Dans certaines régions du pays, les prix du ciment et du béton rond ont connu des augmentions de 96% et de 110%. Cette situation n'a pas été sans conséquence sur le rythme des réalisations des différents programmes de construction en faisant encourir aux entreprises des surcoûts assez importants, chamboulant de manière radicale leur plan de travail et, surtout, affectant sensiblement leurs finances. Si d'aucuns expliquent cet état de fait par l'augmentation des prix des produits inhérents au BTP sur les marchés internationaux, laquelle augmentation semble être une réaction à la récente envolée du cours du pétrole, certains (comme ce fut le cas pour le ministre de l'Habitat) n'y sont pas allés avec le dos de la cuillère pour accuser ouvertement les entrepreneurs d'être derrière cette spectaculaire hausse. Et dans le but justement de tirer la sonnette d'alarme et d'interpeller les pouvoirs publics sur la nécessité de réagir face à cette situation, l'Union générale des entrepreneurs algériens (Ugea) a animé, hier, au centre de presse du quotidien El-Moudjahid, une rencontre-débat à laquelle furent conviés les principaux acteurs du secteur du BTP. En guise d'introduction, Abdelmadjid Dennouni, président de l'Ugea, fera remarquer que «de nombreux courriers furent envoyés aux pouvoirs publics les exhortant d'intervenir en vue de contrôler et de réguler les marchés des matériaux, en vain hélas». S'agissant du ciment, une substance fortement utilisée dans le secteur du BTP, l'orateur dira que le fait de savoir que «le sac (de 50 kg) sorti d'usine à 210 DA est cédé, quelques mètres plus loin, à 500 DA, est à lui seul on ne peut plus révélateur du degré atteint par la spéculation». Selon le président de l'Ugea, cette situation a été exacerbée par la fermeture simultanée (à l'époque, on avait parlé de travaux d'entretien et de maintenance) de quatre parmi les principales cimenteries du pays, en l'occurrence, celles de Sour El-Ghozlane, Meftah, Zahana et Chlef. «Devant cet état de fait, la spéculation devenait inévitable, d'autant qu'il n'y avait pas de quantités de ciment stockées susceptibles d'être utilisées lorsque les conditions l'exigent», tiendra à préciser le n°1 de l'Union des entrepreneurs algériens. En outre, l'orateur se demandera comment se fait-il que la production nationale de ciment (16 millions de tonnes par an) s'avère insuffisante alors qu'au même moment, les statistiques indiquent de manière explicite que la demande nationale en la matière ne dépasse pas les 14 millions de tonnes par an. En guise de réponse à toutes ces interrogations, la représentante du ministère de l'Habitat insistera pour dire que le gouvernement, conscient de l'ampleur prise par les choses, est déterminé à prendre ce problème à bras-le-corps. Selon elle, le département de Norddine Moussa compte mettre en place une stratégie à même de mettre fin à la crise, ou, tout au moins, en atténuer les effets. Lors du débat, des entrepreneurs ont mis en évidence que le fait d'être pressé par l'échéance de remise des réalisations les oblige, parfois, à s'approvisionner dans le marché parallèle. Un autre intervenant invitera les pouvoirs publics à tirer profit des sorties de promotions annuelles d'architectes et d'ingénieurs en génie civil qui sortent chaque année de l'université algérienne. «On leur ferme les portes dans leur propre pays alors que, au même moment, ils parviennent à réussir outre-mer, voire outre-Atlantique», conclura-t-il. Mais, avouez que là, c'est une autre paire de manches.