En dépit de sa pole position en matière de production de matériaux de construction (cimenterie ACC, gisements de sable), la wilaya de M'sila connaît présentement de fortes perturbations, dues principalement aux augmentations substantielles des prix du ciment et du rond à béton qui ont connu des hausses de l'ordre de 96% et de 110%. Cette situation n'a pas été sans conséquence sur le rythme des réalisations des différents programmes en faisant encourir aux entreprises des surcoûts substantiels que l'administration ne semble prête à prendre en considération dans le calcul des prix, tel que le stipule la réglementation en la matière. Des centaines d'entrepreneurs ont interpellé Noureddine Moussa, ministre de l'Habitat et de l'Urbanisme, lors de sa visite dans la wilaya de M'sila, mercredi dernier, sur l'intrigante augmentation du prix du ciment qui est produit localement et l'accroissement exponentiel du prix du rond à béton qui est passé de 5400 DA le quintal, tous diamètres confondus, à 10 000 DA le quintal. Lors du point de presse tenu au siège de la wilaya, le ministre avait expliqué les perturbations du marché des matériaux de construction, notamment pour le rond à béton, au renchérissement de ce produit sur le marché international. Pour ce qui est du ciment, dont la production nationale s'élève à 16 millions de tonnes par an, quantité suffisante, selon lui, pour couvrir les besoins en ciment des différents programmes, le ministre dira que « si tout augmente, pourquoi pas les matériaux de construction et les perturbations du marché sont courantes, mais ce qui n'est pas acceptable c'est la spéculation ». Suite à l'interpellation d'un entrepreneur lors de l'inspection d'un chantier de logements sociaux locatifs au niveau du quartier de Chebilia, le ministre a accusé ouvertement les entrepreneurs de spéculateurs et d'être à l'origine de la flambée du prix du ciment par le fait, dira-t-il, que « par manque de professionnalisme, vous êtes dépourvus d'une centrale à béton et que vous ne pouvez pas par conséquent acheter du ciment en vrac qui est moins cher que celui qui est cédé sous emballage. Vous préférez acheter cette catégorie de ciment pour utiliser 80 sacs et vendre 20 au marché parallèle ». Selon le responsable d'une entreprise publique, certains entrepreneurs privés, qui s'approvisionnent en ciment sur la base d'un état de besoins au prix de 230 DA le sac de 50 kg préfèrent revendre les bons de livraison de 20 t et gagner en moyenne 30 000 DA par bon pour renflouer une trésorerie à sec à cause des lenteurs dans le paiement des situations de travaux. Au terme de sa visite dans la wilaya de M'sila, M.Moussa ajoutera : « Le gouvernement a évalué l'état du marché et des mesures vont être prises à l'issue du conseil du gouvernement par la mise en œuvre de formules pour la révision des prix et l'élimination des spéculateurs. »