Frontalière du Maroc et mitoyenne avec Adrar, la région de Béchar constitue la principale plaque tournante du trafic de drogue en Algérie. Un bilan dressé par la Gendarmerie nationale le confirme : sur les quelque 5 000 kg de kif traité saisis durant les trois derniers mois, 80% ont été récupérés dans cette wilaya. Des statistiques établies par la Gendarmerie nationale et rendues publiques hier, il ressort que cette région frontalière avec le Maroc constitue presque la seule zone de transit du kif destiné à être écoulé à travers le pays ou à être acheminé vers les pays de la rive nord de la Méditerranée. En effet, sur les 4 910 kg de cette substance saisis durant le premier trimestre de l'année en cours, 4 040, soit plus de 80%, l'ont été dans cette région. La gendarmerie ne précise pas l'origine des quantités saisies, mais il demeure certain que le gros de la marchandise provient du royaume chérifien, connu pour être un important producteur de résine de cannabis. Il n'est pas à exclure également qu'une partie des drogues saisies puissent provenir de la wilaya d'Adrar où des plantations de cannabis et même d'opiacées sont découvertes régulièrement par les services de sécurité ces derniers mois. L'éventualité est d'autant plus plausible que l'itinéraire Adrar-Béchar-Oran constitue le raccourci le mieux indiqué pour rallier le nord du pays depuis cette wilaya du Grand Sud. Les services de la gendarmerie précisent justement que pas moins de 2 510 plants de cannabis ont été saisis dans la wilaya d'Adrar durant la même période. Les wilayas de Tlemcen et de Ouargla, l'une frontalière du Maroc, l'autre proche d'Adrar, ont eu également leur part des saisies avec respectivement 320 et 254 kg de kif traité. Autre chiffre hallucinant divulgué par la cellule de communication de ce corps de sécurité, celui de la quantité de kif saisie en seulement trois mois à travers le pays et qui dépasse le total des prises effectuées durant toute l'année 2007 qui a vu les différents services de sécurité mettre la main sur 4 813,72 kg de cette substance. Une comparaison entre les deux premiers trimestres des années 2007 et 2008 donne une hausse des quantités saisies de l'ordre de 592%. Le nombre d'affaires liées à ce trafic, enregistré à la même période, atteint les 833 affaires, à l'issue desquelles 1 328 personnes, dont 16 femmes, ont été arrêtées. 991 d'entre elles ont été placées sous mandat de dépôt, précise la gendarmerie qui relève toutefois une baisse sensible (-83%) des quantités de psychotropes saisis (1 831 comprimés de différents types). A rappeler qu'en 2007, les mêmes services ont récupéré 91 006 plants de cannabis, soit une hausse de plus de 13 283% par rapport à 2006 qui a enregistré une saisie de 680 unités». Pour les drogues dures, il y a lieu de signaler que seuls 163,9 grammes de cocaïne ont été saisis l'année dernière, soit une baisse de 97,85% par rapport à l'année 2006 durant laquelle plus de 7 kilogrammes de cette substance ont été récupérés. A la lumière de ces chiffres, les gendarmes déduisent que l'Algérie est passée d'un «pays de transit à un pays consommateur», c'est pourquoi il a été procédé à l'adoption d'une «stratégie judicieuse, en vue de délimiter les zones d'expansion de ce trafic, infiltrer les réseaux criminels activant dans le domaine afin de les démanteler, suivre leurs activités et arrêter leurs chefs». Cette stratégie inclut, notamment, «la modernisation des moyens de recherche employés et la relance de l'action des cellules de la police scientifique et technique».