Une saisie record de kif traité a été effectuée mercredi dernier à Hassi Khebbi, localité frontalière entre les deux wilayas de Tindouf et Béchar. Précédée de plusieurs autres grosses prises dans la même région, cette saisie confirme que le trafic du kif, produit au Maroc, ne cesse de prendre de l'ampleur à notre frontière ouest. La quantité saisie mercredi dans cette localité, par les gardes-frontières de la Gendarmerie nationale de Hassi Khebbi, s'élève à plus de 3 tonnes de kif (3026 kg), en provenance du territoire marocain, a-t-on appris hier auprès du commandement de ce corps de sécurité. En patrouille sur les lieux, ce jour-là vers 15h, les GGF de Hassi Khebbi ont aperçu trois individus sur deux motos au lieudit Foum Seroual. Deux ont réussi à rejoindre le territoire marocain sur les motocyclettes, tandis que le troisième, un quinquagénaire marocain, résidant au niveau de la bande frontalière, a été interpellé. Les recherches effectuées sur les lieux par les éléments des GGF ont permis la découverte de 3026 kg de kif traité, une paire de jumelles et une somme importante en dirham marocain dissimulée entre les rochers. Le lendemain vers 11h30, les GGF de Zeghdou, relevant de Hassi Khebbi, en patrouille au lieudit Oued Saâdane, commune de Tabelbala, ont ouvert le feu en direction de cinq véhicules de marque Toyota Station, dont les chauffeurs ont refusé d'obtempérer aux sommations. Les gendarmes ont réussi à immobiliser deux véhicules tandis que les chauffeurs ont pris la fuite à bord des trois autres pour rejoindre le territoire marocain. La fouille des deux véhicules a permis la récupération d'une crosse chargeur pour pistolet-mitrailleur garnie de 5 cartouches, un téléphone satellitaire Thuraya et quatre fûts remplis d'essence. Il s'agit de la troisième saisie importante de stupéfiants enregistrée dans cette zone frontalière avec le Maroc. Le 20 novembre 2008, les éléments d'une force combinée (douanes et Gendarmerie nationale) avaient interpellé, à 70 km au sud de la Tabelbala, un narcotrafiquant et récupéré 4,617 tonnes de kif traité et un fusil-mitrailleur. Quelques jours après, soit le 9 décembre 2008, les gardes-frontière de Mahbès, en embuscade a 65 km à l'est de Hassi Khebbi, avaient accroché des narcotrafiquants à bord de quatre véhicules de marque Toyota Station, en immobilisant sur les lieux trois. Pas moins de 8,623 tonnes de kif traité, un fusil-mitrailleur avec 1470 cartouches, quatre pistolets-mitrailleurs avec 16 chargeurs et 901 cartouches, un téléphone satellitaire Thuraya et un appareil GPS ont été récupérés. C'est dire que la nouvelle stratégie du commandement de la Gendarmerie nationale a donné des résultats probants dans la lutte contre les réseaux de la contrebande et de la criminalité transfrontalière. Ces prises renseignent en tout cas quant à l'efficacité du dispositif mis en place dans la région de Béchar. Un dispositif sécuritaire musclé a été mis en place, après la visite qu'a effectuée dans cette wilaya, il y a deux années, le général-major Boustila, commandant en chef de la Gendarmerie nationale. Depuis, la Gendarmerie nationale a intensifié les opérations sur le terrain pour traquer les narcotrafiquants qui comptent à leur sinistre actif la commercialisation d'impressionnantes quantités de drogue qu'ils font transiter par les frontières du royaume chérifien avant de les introduire en Europe ou au Proche-Orient. Les pays d'Europe leur étant devenus inaccessibles par mer, les trafiquants ont jeté leur dévolu sur l'Algérie, particulièrement sur la région désertique frontalière de Béchar, d'où le produit prohibé est introduit avant d'être convoyé vers la Tunisie, la Libye et l'Egypte. C'est en mettant sous bonne garde cet itinéraire que les éléments de la gendarmerie et les autres corps de sécurité ont déjoué les plans diaboliques des barons marocains. Des barons qui profitent, hélas, du laxisme des autorités du makhzen qui, en principe, doivent mener une guerre implacable contre ces trafics. Mais, les « convoyeurs » ne sont guère inquiétés. Selon les Nations unies, le Maroc est le deuxième producteur mondial de cannabis derrière l'Afghanistan et le principal pourvoyeur de cette drogue en Europe. Un commerce juteux pour les barons marocains, sans compter que même ceux qui sont censés lutter contre ce trafic sont aussi impliqués. Un haut responsable de la gendarmerie marocaine a été arrêté en septembre dernier à Oujda, au Maroc, pour son implication dans le trafic de drogue. Avec le grade de colonel, cet officier était impliqué dans une affaire de trafic de kif traité. Deux années auparavant, en 2006, le roi du Maroc avait suspendu Abdelaziz Izzou, directeur de la sécurité des palais royaux, de ses fonctions, ce dernier suspecté d'avoir des liens avec un réseau de trafic de drogue, a été écroué à Casablanca. Combien sont-ils aujourd'hui au Maroc ceux qui jouissent encore de l'impunité dans ce trafic qui ne cesse d'inonder…le monde en transitant par notre pays ?