Opportunité n Il y a quelques années, on pouvait s'offrir une bonne parcelle de terrain à Ouled Hamada pour 40 millions de centimes. Situé à environ un kilomètre de Ouled Moussa, le quartier de Ouled Hamada est un ensemble d'habitations nouvellement construites. Des gens attirés par les prix abordables du foncier, s'y sont installés depuis quelques années. «Les prix ont quelque peu augmenté en ce moment, mais il y a quelques années, on pouvait s'offrir un terrain à usage d'habitation pour seulement 40 millions de centimes», affirme un habitant. Les constructions se sont mises à pousser comme des champignons. Sans permis de construire, faut-il le préciser. «Inutile de demander de permis. Personne n'en a ici à Ouled Hamada», ajoute notre interlocuteur. La crise du logement aidant, les autorités ont laissé faire. L'APC a même entrepris des travaux d'aménagement dans le quartier en installant une fontaine publique pour permettre aux habitants de s'approvisionner en eau, en attendant le raccordement de toutes les habitations au réseau d'AEP. Un réseau d'assainissement devait être également mis en place. Les citoyens rencontrés sur les lieux ont même exhibé des factures d'électricité. C'est dire que le quartier vivait une situation de «semi-légalité». Si certains habitants sont originaires de Ouled Moussa même, d'autres, en revanche, viennent de wilayas lointaines. Sétif, Tizi Ouzou, Oran. C'est la proximité de la capitale et ses opportunités de travail qui nous a amenés ici», nous apprend un quinquagénaire qui affirme avoir vendu son appartement à El-Eulma pour acheter un lot de terrain à construire à Ouled Hamada. Latamène, qui frise les 70 ans, assure, lui aussi, avoir vendu son logement social à Ouled Moussa, car il ne pouvait plus contenir sa famille qui s'est considérablement agrandie : 25 personnes au total. «J'ai acheté le terrain et entrepris les travaux immédiatement après. J'ai pu construire 11 pièces en attendant d'élever un autre niveau. Mais les autorités en ont décidé autrement», dit-il en regardant l'amas de gravats auquel est désormais réduite son habitation. Il ne veut surtout pas qu'on y touche. Il n'a pas résisté à la démolition, mais il a catégoriquement refusé qu'on procède à l'opération de déblaiement. «Cet amas de gravats est l'unique moyen pour moi de prouver que j'avais une habitation ici». Mais il n'avait pas omis, dès que l'APC lui a notifié la décision d'expropriation, de recourir aux services d'un huissier de justice qui a dressé un PV en bonne et due forme. «On n'est jamais trop prudent», explique-t-il. La démolition a été décidée pour permettre le passage de la rocade autoroutière Zéralda -Boudouaou, longue de 28 kilomètres. Elle a été exécutée le 14 avril dernier dans des conditions «légales» selon les autorités et «cavalières» et «suspectes» pour les habitants. A signaler également que ce ne sont pas toutes les habitations du quartier qui ont été touchées par la décision. Seules celles qui se trouvaient sur le tracé de l'autoroute, au nombre de 23, ont été démolies.