Aventure n Le groupe de rock kabyle des années 1970, Abranis, se produira, ce jeudi, en concert au théâtre de verdure à partir de 21h. Ce groupe qui a longtemps marqué la chanson kabyle, notamment dans les années 1970 et 1980 – sa dernière scène nationale remonte à 1986 – renoue avec son public algérien après plus de vingt ans d'absence. Lors d'une conférence de presse lundi au Théâtre de verdure, Karim, le leader et le fondateur du groupe, a déclaré : «C'est avec beaucoup de joie que je retrouve, plus de vingt ans après, mon public qui, aujourd'hui, a le même âge que moi, et surtout aller à la rencontre de cette nouvelle génération amateur de rock.» Ce concert, où les Abranis inviteront sur scène de jeunes formations de rock, annonce le début d'une tournée nationale. Ainsi, outre Alger, le groupe se produira à Boumerdès (18 juin), à Tizi Ouzou (19 juin), à Béjaïa (23 juin), à Sétif (24 juin), à Bouira (26 juin) et à Bordj Bou-Arréridj (27 juin). Karim, pour qui il existe un potentiel humain et technique dans le domaine de la chanson et de la création musicale, d'où la nécessité de l'exploiter et d'en impliquer les initiatives, a toutefois indiqué : «Malgré notre absence nationale, le groupe Abranis a continué son aventure musicale en France. Nous ne sommes pas restés inactifs. Nous avons fait des scènes, nous avons enregistré des titres et des clips.» Karim a, ensuite, annoncé : «Juste après la tournée, j'arrêterai la scène, laissant ainsi place aux jeunes, et me consacrerai uniquement à ce que je n'ai pas fait pendant toute ma carrière artistique et professionnelle.» Et d'enchaîner : «Toute ma vie, j'ai mené deux carrières en parallèle, l'une artistique et l'autre professionnelle. Toute ma vie, j'ai dû concilier ma passion qu'est la musique et mon métier par lequel je subviens à mes besoins.» Karim a, en outre, tenu à relever une précision : «Il ne faut pas confondre métier et passion, car tant que l'artiste n'a pas encore trouvé, chez nous, sa place dans la société, tant que celle-ci ne lui a pas attribué juridiquement une place et définit son rôle, l'artiste ne pourra vivre de sa passion, de son art.» Ainsi, Karim a regretté que jusqu'à présent l'artiste algérien n'ait pas encore de statut lui permettant de vivre en tant que tel et de se consacrer uniquement à sa passion, à la création. S'exprimant, par ailleurs, sur le groupe, Karim a rappelé : «Les Abranis, qui ont plus de 70 titres, ne sont pas un simple groupe. Il est un concept.» Et d'expliquer : «Il est une musique, un style, une ligne qui, depuis sa création en 1973, n'a, à ce jour, jamais dévié. C'est un groupe qui est resté égal à lui-même, fidèle à ses principes et attaché à ses fondements. En outre, Abranis est un groupe jaloux de sa liberté, de son indépendance.» Karim a, ensuite, poursuivi : «Nous essayons de rester fidèles à notre choix, qui est de faire de l'art pour l'art. Sans être soumis aux pressions du milieu, qui veut du produit de consommation, toujours plus vite, selon la capacité d'absorption. On oublie alors que la musique est un message qui s'adresse au corps sensible. Elle doit le faire vibrer. La liberté de création est une énergie qui s'use si l'on ne s'en sert pas.» Cela revient d'emblée à dire que le groupe a ses propres choix, positions et démarches artistiques. «Le but du groupe, c'est de s'inscrire dans l'universalité, donc dans la durée. On fait d'ailleurs des chansons hors temps. Pour nous, une chanson n'est pas une denrée périssable. Car elle porte, par définition, une valeur et que celle-ci est de tout temps. On se refuse alors des chansons racoleuses, événementielles.» Enfin, interrogé sur l'origine du nom du groupe, Karim affirme : «Abranis vient du mot branis qui, lui, renvoie à une tribu berbère du VIe siècle avant l'ère chrétienne. On a choisi ce nom parce qu'il est facile à retenir et à prononcer.» Force est de relever que le concert de jeudi auquel se joindront de jeunes formations musicales de rock comme le groupe D'zaïr, promet d'être, selon Karim, exceptionnel : projection vidéo, clips, animation lumière, effets sonores et autres merveilles technologiques. «Le concert, nous l'avons appelé Verbe, Son et Lumière», a-t-il fait savoir.