Comme si le chanteur n'avait jamais quitté la scène artistique nationale ! Sa musique tout en rythme et ses textes pleins de métaphores n'ont rien perdu de leur effet sur le public. Un public à la fois nostalgique et désireux de découvrir le nouveau. Karim Abranis a fait une entrée émouvante, jeudi dernier, à la salle de spectacles du complexe culturel Laadi Flici, théâtre de verdure d'Alger. L'homme est venu seul, sans ses anciens compagnons de route, Chamy en particulier. Ce qui a fait perdre un peu de son charme au groupe. Une cassure toutefois vite oubliée par la présence des deux fils de Karim, Billy et Youva, qui ont suivi le chemin de leur père, avec leurs touches personnelles. La complicité entre les trois hommes ne laisse pas indifférents les spectateurs, jeunes et moins jeunes, qui voient dans cette relève une renaissance du groupe mythique «Abranis», le précurseur de la chanson moderne kabyle. Lynda, wali kan, Yemma, Avehri, Chnagh le blues… et d'autres tubes qui rappellent les années fastes du groupe sont revenus chatouiller les oreilles des fans, ô combien sensibles à la musique et à la force du verbe. Des musiques et des mots qui font trembler tout le corps jusqu'à faire bondir de leur place des hommes mais aussi des femmes qui n'ont pu résister à l'envie de danser et de chanter en groupe, chacun à sa façon. Le spectacle est tout simplement magnifique. L'ambiance conviviale. Les gens s'éclatent. «C'est tellement merveilleux de les voir s'exprimer par le chant et la danse plutôt que par la violence et la haine… Ce concert est une bouffée d'oxygène pour nous tous, jeunes et vieux. Espérons qu'il y en aura d'autres à l'avenir et dans tout le pays» affirme, joyeuse, une vieille femme. Et sa fille de dire sa frustration quant à la durée du concert : «Cela n'a duré que deux heures. C'est très court pour un groupe qui a disparu de la scène artistique pendant plus de vingt ans et qui, de plus, est très aimé par le public.» Le concert des Abranis s'est donc passé dans de bonnes conditions, de l'avis de tous les spectateurs et aussi des organisateurs. Et comme l'a promis Karim, mardi dernier, lors d'une conférence de presse annonçant le retour du groupe, le concert était une grande fête, avec une sonorisation tout à fait adaptée au théâtre de Verdure, des jeux de lumière, etc. Tout a été bien préparé et bien fait. Le public était d'autant plus satisfait que les chanteurs sur scène ont rendu hommage à des monuments de la chanson kabyle, et de toute la culture algérienne de façon générale. On cite Slimane Azem, Matoub Lounes, Mouloud Mammeri, Kateb Yacine… et Kamel Hammadi. Seule fausse note, le groupe n'a pas chanté Thizizwa, laissant le public sur sa faim. La chantera-t-il dans ses prochains concerts dans les wilayas de Tizi Ouzou, de Béjaïa, de Bouira, de Sétif, de Boumerdès et de Bord Bou Arréridj ? Les amoureux de Thizizwa l'espèrent vivement. K. M.