Constat n Le consommateur algérien préfère, sans raison, acheter le pain blanc ou pain «viennois» au lieu du pain traditionnel offrant des qualités nutritionnelles et organoleptiques (goût et odorat) bien supérieures et sans additifs. C'est ce qui a été débattu, lundi, au centre de formation professionnelle de Tipaza en marge des éliminatoires des 2es mondiales du pain, organisées par la minoterie Sidi Bedhiba de Mostaganem, pionnière de la farine complète, en collaboration avec le comité des boulangers de Tipaza, l'association des ambassadeurs du pain et la direction de la formation de Tipaza. «Le pain est un aliment complet fait à partir de blé utilisé de 95 à 98% de ses composants (protéine, gluten, fibres, enzymes, amidon et oligo-éléments)», selon le Dr Senouci, ex-inspecteur principal du commerce et enseignant en économie d'entreprise à Oran qui considère que la mouture de blé fait perdre à la farine blanche de 70 à 80% de ses vitamines et ses oligo-éléments. Certains nutritionnistes voient une véritable atteinte à la santé du consommateur : «Le pain est partie prenante de notre patrimoine. Par ses glucides, ses protéines végétales, il régularise la santé en diminuant les lipides. Il est indiqué pour éviter l'hypoglycémie et les troubles digestifs. Il a récemment été découvert que les fibres du pain luttent contre l'apparition des cancers digestifs. Plus la farine est brune et complète, plus elle est bénéfique pour la santé. La consommation du pain spécial doit faire partie intégrante de la ration alimentaire», a souligné le Dr Souhila Tifani, nutritionniste-diététicienne, lors de son intervention sur l'intérêt nutritionnel du pain intitulée «pain et santé». Le docteur Senouci a révélé que nos meuniers se focalisent uniquement sur le prix et négligent tous les autres facteurs de compétitivité. «nos boulangers manquent de professionnalisme. Et le boulanger est convaincu, à tort, qu'il lui faut absolument une production de 10 balles par jour pour rentabiliser son affaire. Il le fait au détriment de son personnel, de son équipe, et ce, avec une surconsommation d'électricité en utilisant un surdosage d'ingrédients importés (levures et améliorants chimiques) au détriment de la santé publique et de l'économie nationale», a-t-il indiqué dans sa communication. De son côté, Mohamed Medjahed, un passionné du pain traditionnel, a évoqué le problème des huiles récupérées chez les marchands de beignets et de z'labia pour graisser les plats du pain. «ces huiles sont dégradées et cancérigènes méfiez-vous des pains au goût de beignets ou de friture. Sans fibres, la farine blanche est toxique pour la santé. Certains en parlent mais sans trop insister. Les industriels le savent et c'est un silence criminel et là, doit intervenir le rôle des médias», a-t-il averti. La minoterie Sidi Bendhiba, selon le chargé de la communication, Medjdoub Benbernou, active depuis sa création en 2004 au profit de la santé du consommateur en sensibilisant le public d'abord et ensuite en faisant connaître ce nouveau concept de panification aux boulangers. Cette manifestation, organisée dimanche et lundi avec la participation de 4 équipes accompagnés par leurs élèves, était basée, selon lui, sur la pédagogie (comment le boulanger transmet son savoir-faire à son stagiaire), une règle primordiale, la dégustation, l'aspect, le timing et la couleur pour ces pains confectionnés à base de levain. Mandaté pour la présidence du jury en Algérie par les ambassadeurs du pain dans le monde, Roger Farjaud aux côtés de Moussa Bougaila, lauréat du 3e prix mondial en 2007, a félicité les participants dont l'équipe de M. Tayeb de Mostaganem qui a décroché la 1re place. «c'est un challenge et le travail fait par nos candidats est de toute beauté. Ils doivent continuer dans ce sens», nous a-t-il déclaré.