InfoSoir : Comment évaluez-vous l'évolution de la profession de vétérinaire en Algérie ? Le Dr Samir Hamza : La fonction de médecin vétérinaire en Algérie est victime de la politique globale des différents gouvernements qui se sont succédé. Cela au moment où tous les pays du monde valorisent leurs services vétérinaires par l'octroi de moyens adéquats et d'autonomie afin qu'ils puissent jouer leur rôle de première barrière sanitaire sans aucune pression extérieure. Chez nous, nous continuons à réduire cette profession à une seringue et à une écurie ou une carcasse de bœuf tout en oubliant les défis de la mondialisation et le rôle que peut jouer le vétérinaire. Un mot sur la nouvelle grille des salaires à l'origine de votre mouvement de protestation.. La grille des salaires aurait pu être meilleure, si elle avait pris en compte les qualifications individuelles et la spécificité de chaque corps ainsi que son importance dans le domaine social et économique. On a mis à l'écart lors de son élaboration, des partenaires sociaux représentatifs tout en se limitant à un seul qui n'était même pas au courant de son contenu mais ne se gardait pas de vanter ses bienfaits. Les mensonges qui ont précédé sa publication, comme cette promesse de revaloriser les salaires de 50%, ont généré une grande déception chez les travailleurs et mis dans l'embarras les concepteurs de la nouvelle grille. Que s'est-il passé avec les vétérinaires réquisitionnés ? Les vétérinaires réquisitionnés ont tous répondu aux réquisitions. Ce qui est incompréhensible, cependant, c'est que certains walis et directeurs des services agricoles ont adressé des réquisitions aux vétérinaires dès les premières heures de la grève sans que personne le leur ait demandé. Ce qui confirme que les réquisitions ont été préparées durant le week-end. Certains accusent les vétérinaires d'être au service de quelques importateurs…. Ce sont les pouvoirs publics qui essayent de donner une telle image de nous. Mais personne n'a réagi lorsque les cités universitaires, les cantines scolaires, les institutions de l'Etat (y compris l'armée), ainsi que les marchés étaient approvisionnés sans certificat de salubrité, ni lorsque des milliers de demandes d'analyse s'amoncelaient au niveau des différents laboratoires vétérinaires du pays pour faire barrage à différentes maladies ou risque d'intoxication. Il n'y a pas eu de réaction non plus lorsque des tonnes de poissons destinés à l'exportation périssaient au niveau des ports ou lorsque la filière lait (production et collecte) était à l'arrêt faute de certificat, de résultat d'analyse et d'agrément sanitaire vétérinaire. Personne ne s'est soucié lorsque des campagnes de vaccination des cheptels ovin, caprin et bovin sont stoppées faute de contrôle vétérinaire. Mais on demande aux walis de procéder à des réquisitions de vétérinaires car leur grève met en péril l'économie nationale et en danger la santé publique sans se soucier vraiment de cette dernière… Il faut se demander aussi pourquoi la réquisition n'a concerné que les inspecteurs vétérinaires des ports et aéroports...