Sonorités n de son vrai nom Hocine Boukella, il s'est produit, hier lundi, au théâtre de verdure, sous les auspices de l'établissement Arts et Culture. Le public, nombreux, était au rendez-vous. Les deux premiers gradins du théâtre étaient archicombles. L'ambiance était telle qu'il fallait prolonger le concert jusqu'à tard dans la soirée. Cheïkh Sidi Bémol a animé, plus de deux heures, un concert exceptionnel, et cela dans un esprit terriblement rock auquel est venu se mêler un esprit gnaoui, chaâbi, kabyle… Il s'est distingué par une musique saisissante qui s'est révélée d'une étonnante fraîcheur, et cela grâce à ses ouvertures sur le blues, le rock ou encore le celtique. Avec sa musique éclectique, entraînante et envoûtante, une musique pleine d'entrain et chargée d'humour – celui-ci se veut à la fois convivial et corrosif –, le chanteur, poète dans son genre, et tel un troubadour des temps modernes, a dessiné une ambiance passionnante et jubilatoire. C'était un show déjanté. Le public, en folie et en transe, s'est laissé emporter au gré d'un rythme qui a du caractère et de l'accent. Le rythme y était, euphorique, avec plus de fougue et d'élan. C'était un rythme marqué et démonstratif Cheïkh Sidi Bémol a, ensuite, invité à prendre part à son concert, d'autres formations musicales, à savoir Djmaoui Africa qui fait dans le gnaoui et Index, un groupe rock qui associe les accents locaux aux sonorités modernes. Il a également invité à monter sur scène un jeune talent Samir Farès,lui aussi rocker à sa manière. La musique de Cheïkh Sidi Bémol qui est d'ici comme elle est d'ailleurs est d'un imaginaire atypique, foisonnant et descriptif. Elle est puisée dans un langage ordinaire taillé et poli dans une langue simple et limpide. C'est aussi une musique iconoclaste à l'image même de l'artiste qui, lui, s'avère rebelle et anticonformiste – l'artiste refuse et rejette les étiquettes et l'académisme. Il est à l'écoute de tout. Il se nourrit d'influences musicales diverses : il est ancré dans le terreau traditionnel, mais il est en même temps nourri des musiques du monde. Cheïkh Sidi Bémol est d'un esprit ouvert et réceptif. Cette ouverture transparaît au travers des compositions qu'il imagine et matérialise en sons et diverses sonorités qui, elles, renvoient à des expériences musicales cumulées, çà et là, tout au long de son parcours. Cette ouverture d'esprit témoigne en contenu ce désir de recherche et de réflexion en matière de création musicale. Cette ouverture d'esprit a étonnamment donné naissance à un style de musique qui est propre à l'artiste. Une musique nommée «gourbi-rock». Sa musique trace un nouveau territoire dans le paysage musical algérien. Cheïkh Sidi Bémol «L'essentiel est de faire de la musique» InfoSoir : Pourquoi gourbi-rock ? cheïkh Sidi Bémol : Cette appellation m'a été proposée par Aziz Smati. Il a trouvé que ma musique est unique, inclassable. Il l'a donc dénommée ainsi. En fait, c'est une appellation qui signifie, pour moi, «récupération». Car un gourbi est fait de matériaux de récupération, et ma musique est ainsi. Elle se définit comme telle. Il y a de tout. Elle est nourrie de chaâbi, de melhoun, de gnaoui, de qbayli et bien sûr du rock et d'autres influences musicales comme le blues ou le celtique. Mais j'estime qu'elle est cohérente et permet de nous exprimer. Parce que l'appellation n'est pas importante. L'essentiel, c'est de faire de la musique. Quel est l'esprit de Cheïkh Sidi Bémol ? Comme ma musique. Un esprit ouvert. J'aime beaucoup l'ouverture que j'exprime dans ma musique. Ce qui est intéressant dans ce que je fais, c'est qu'il n'y a pas de frontières ni de contraintes. Mon esprit, c'est la liberté. Et le rock exprime bien cet état d'esprit. Vous avez commencé à chanter en 1998, mais vous vous produisez très rarement en Algérie... C'est vrai que je suis basé en France et je me produis très peu en Algérie, mais mon public est ici, dans mon pays. Mon dernier concert remonte à l'année dernière (2007). C'était à Tizi Ouzou. J'étais surpris de voir autant de jeunesse qui s'intéresse à ma musique. Moi, j'aimerais bien y faire autant de concerts et surtout y faire une tournée nationale. En tous les cas, à chaque fois qu'on m'invite, je réponds présent. Etes-vous un musicien engagé ? Il faut savoir que l'engagement a un sens différent. Il diffère d'une personne à l'autre. Etre engagé, cela suppose s'employer à faire véhiculer un message ou à militer pour une cause. Chacun a son propre engagement. Mon engagement à moi est simple : faire de la musique, de la bonne musique. Est-ce que vous avez un projet d'album? Oui. J'en ai deux. L'un est en préparation, et l'autre, sortira incessamment. Il sera dédié aux marins. Car j'ai fait réunir les chants marins kabyles.