«Allez voir du côté de l?aéroport !», se lamente, douloureusement, un jeune chauffeur de taxi qui a tout de suite commencé à vider son sac quand on lui a posé, sitôt installé sur la banquette arrière de sa voiture, la question qui revient tel un leitmotiv : «Et le tourisme ?» «Le tourisme est mort ici et pourtant Dieu seul sait que le M?zab a tout pour en attirer des millions chaque année», ajoute-t-il sur une note de chagrin. Comme lui, des centaines de Ghardaouis éprouvent ce même sentiment. Le visiteur l?aura remarqué de visu, lorsque, arrivé dans la capitale de la vallée du M?Zab, il apprendra, par exemple, que les Rostomides, un hôtel quatre étoiles, le deuxième plus grand palace de la ville après El-Djanoub, a mis, depuis longtemps, la clé sous le paillasson «pour absence de clientèle», dit-on. Même la station thermale de Zelfana, distante de quelque 70 km du chef-lieu de la wilaya, sur la route sablonneuse de Ouargla, ne détient plus les records d?affluence d?antan. Qu?est-ce qui explique, réellement, ce peu d?empressement des touristes qui aura été sans doute fatal pour ces milliers de familles de Ghardaïa, de Guerara ou d?El- Atteuf dont la seule source de revenus provient du tourisme ? Mais les raisons sont nombreuses et sont, pour la plupart, à chercher dans la situation générale du pays. Si le luxueux Rostomides a fermé ses portes, les commerçants refusent de céder à la fatalité et continuent, contre vents et marées, de prier pour des jours meilleurs. Sur la route menant vers Ouargla, à quelque 40 km de la ville, sur un long et large espace lunaire, l?aérodrome est quasiment vide. «Le Boeing 337 à destination d?Alger vient de décoller, il y a à peine une heure», nous annonce en connaisseur un chauffeur de taxi, la tête drapée d?un chèche vert vraisemblablement à cause du vent de sable alors que les quatre vitres de sa Renault Megane flambant neuf sont toutes fermées. «L?aéroport ne fait plus recette pour nous, taxieurs. Trois vols par semaine vers Alger, autant pour Constantine et Oran, c?est très maigre pour espérer rembourser les prêts bancaires dans les délais !»