La musique fait partie également des conceptions mystiques des musulmans. «Dans les cadences de la musique est caché un secret, si je le révélais, il bouleverserait le monde», disait le grand mystique Djalâl eddine Rûmi. En fait, ce secret, c'est le concert spirituel, ou samâ'. Le samâ' est lié au pacte de prééternité ou mîthaq dont parle le Coran : Dieu a tiré des reins d'Adam toute sa progéniture, puis il s'est fait reconnaître par elle : «Ne suis-je pas votre Seigneur ?». puis Dieu a fait mourir d'une première mort les germes ainsi formés pour leur donner plus tard une seconde vie. Selon les mystiques, au moment du pacte de prééternité, Dieu a implanté une douceur dans les âmes. Et, écrit encore Djalâl eddine Rûmi : «quand les âmes entendent la musique, ce souvenir se réveille et les agite. Le concert spirituel, le samâ', est donc un moyen de reconnaissance, le canal par lequel l'âme se rappelle ce souvenir où, tirées du néant, les âmes rendaient hommage à Dieu. Le concert spirituel, la musique, ce n'est pas seulement le plaisir d'écouter de douces mélodies, c'est aussi un éveil de l'âme. Dans son Mathnawî, Abû ‘Uthmân al-Hîrî écrit : «Les influences du monde invisible, audibles aussi bien que visibles, produisent un effet puissant sur le cœur quand elles sont en harmonie avec lui, c'est-à-dire quand le cœur est pur. La musique va jusqu'à envahir le rêve, perpétuant le souvenir du pacte, renforçant la communication avec le monde de l'invisible. Cette musique, éveil de l'âme, ne peut que recevoir une interprétation favorable dans les rêves.