Résumé de la 1re partie n Comme les trois cloches de la Bastille n'intéressent pas les démolisseurs, elles sont remises au maître horloger Regnault qui les remet à son tour au district Saint-Louis de la culture... Cependant la nation a besoin d'argent pour défendre ses frontières contre les troupes des émigrés, qui ne songent qu'à percer le sein des vrais patriotes. On vend aux enchères, à l'Arsenal, tout ce qui peut rapporter. Cloches incluses. Quelqu'un finit par les acheter. Un spécialiste, en quelque sorte, puisqu'il s'agit d'un maître fondeur installé à Romily-sur-Andelle, dans l'Eure. Le nouveau propriétaire remet le mécanisme en état de marche, et les cloches se remettent en branle dans un charmant paysage campagnard. Elles ne sont pourtant pas loin de la catastrophe car le maître fondeur, Jean-Daniel Grimpret, s'est engagé par contrat à envoyer chaque semaine aux ateliers de la Monnaie de Rouen, de Paris et d'Orléans, une certaine quantité de cuivre pur. Ce cuivre devait provenir d'innombrables cloches enlevées aux églises, chapelles et autres établissements religieux que l'on dépouille dans la Somme, la Manche, les Côtes-du-Nord et le Finistère. Avec elles disparaîtront aussi les superbes balustrades de cuivre qui ornaient la cathédrale de Rouen. Grimpret est conscient du caractère historique des cloches de la Bastille. Il leur épargne le sort des autres. Et les installe à une place d'honneur dans son usine. La fonderie change de mains, mais les différents successeurs prennent un soin jaloux des cloches chargées d'histoire. Après Grimpret, l'usine est sous la direction d'un certain Gardeur-Lebrun, puis d'un Létrange et d'un Dupré-Neuvy. C'est grâce à M. Neuvy, dernier en date, qu'elles refont le voyage jusqu'à Paris et qu'elles se retrouvent installées dans un jardin de l'avenue d'Eylau. Retour aux beaux quartiers pleins de particules nobiliaires... M. Neuvy demeurait en effet avenue d'Eylau. C'est dire qu'il faisait partie des nantis de ce monde Grande vie, équipage, château à la campagne. Il avait fait installer les cloches dans sa cour-jardin et les faisait fonctionner pour ses invités lors des réceptions. Mais un soir, à la nuit tombée, M. Neuvy et toute sa maisonnée furent réveillés par un raffut épouvantable : les cloches s'étaient mises en branle toutes seules ! Et malgré ses efforts, M. Neuvy se révéla incapable de les arrêter. Elles sonnèrent à toute volée et réveillèrent tout le quartier. Il fallut attendre le petit matin pour qu'un serrurier arrive enfin et bloque le mécanisme... en présence du commissaire de police. L'enquête ne révéla rien, et on pense qu'un chat a déclenché les cloches en passant dessus... Ce n'est qu'en 1914 qu'un spécialiste les découvre dans ce jardin. Les années passent encore et, d'héritage en héritage, elles aboutissent dans le patrimoine d'un jeune homme qui a de graves problèmes, puisqu'il est paraplégique et hospitalisé. Quand il reçoit ce legs, il est embarrassé et se demande ce qu'il va en faire. Certainement pas les installer dans sa chambre...