Résumé de la 2e partie n Au XIIIe siècle, l'empereur Baudouin II de Byzance vend le camée à Louis IX puis Philipe VI le laisse en garanti chez le pape Clément VI pour obtenir un prêt... Justement, le pape se débat avec les luttes du schisme d'Occident. Rome et Avignon ont chacune leur souverain pontife. Clément VII, à son tour, a besoin d'argent. Charles V se range dans son camp, lui expédie quelques caisses d'or et... récupère le précieux camée. Le grand camée retrouve sa place à la Sainte-Chapelle. Charles V, qui n'apprécie qu'à moitié le cadre byzantin, y fait ajouter un piédestal gothique d'argent doré. Germanicus, alias Joseph, se retrouve entouré de douze niches où sont logés les douze apôtres, eux-mêmes en or émaillé. On y grave d'ailleurs une inscription qui commémore la générosité de Charles V. Désormais on promène le grand camée dans les rues de Paris, lors de l'arrivée de nouveaux souverains qui viennent d'être sacrés. Tout le monde est heureux de voir Joseph, vainqueur de madame Putiphar, participer à la fête. Au XVIIe, un érudit passionné d'antiquité avance une théorie nouvelle : il déclare que le grand camée est un travail romain. «Cette œuvre représente probablement le triomphe d'Auguste.» Cela paraît vraisemblable, et Rubens, qui est admis à contempler le sardonyx, est si enthousiaste qu'il en fait un dessin. Il faudra attendre 1644 pour qu'un autre érudit identifie le vrai sujet du grand camée, ou presque : «Ce sont les honneurs rendus à Germanicus par Tibère !» On brûle... Sans doute a-t-on reconnu le petit monstre Caligula aux caligae, les fameuses chaussures qui lui valurent son surnom... Pendant cent cinquante ans, le grand camée va demeurer à la Sainte-Chapelle. Puis la Révolution arrive. En 1791, l'Assemblée nationale, après Baudouin II et Clément VII, décide de vendre le camée pour se procurer de l'argent. Louis XVI, sortant de ses digestions difficiles et chroniques, proteste. On vend le trésor de la Sainte-Chapelle, mais le grand camée est exclu de la vente. Ouf ! Germanicus et sa famille se retrouvent au Cabinet des médailles... En 1792, le vol des diamants de la Couronne met la nation en émoi. On arrête des coupables, qu'on «raccourcit» proprement, histoire de décourager d'autres «monte-en-l'air». Mais il reste beaucoup d'objets précieux et tentants : médailles, collections d'intailles, le trésor de Chilbéric, les bijoux du Cabinet du roi... Le 16 février 1804, malgré l'autorité de Napoléon Bonaparte, des cambrioleurs audacieux pénètrent dans le Cabinet des médailles. Au matin, les vitrines sont vides, le grand camée a disparu. On le retrouvera à Amsterdam, où, Dieu merci, le commissaire général Gohier le reconnaît, alors qu'un orfèvre batave s'apprête à l'acheter pour trois cent mille francs. Hélas ! le cadre byzantin et les apôtres ajoutés par Charles V ont déjà disparu, sans doute définitivement fondus... Napoléon, immédiatement prévenu, réagit comme on peut s'y attendre. Il ne peut manquer de vouloir récupérer ce joyau, qui le rattache directement à saint Louis, Charles V et tous les souverains de France. Il met la main sur le bijou magnifique. Mais il est urgent de lui rendre un cadre digne de sa beauté. Auguste Delafontaine se voit chargé de créer une monture de bronze vert, décorée à l'antique. Désormais le grand camée de France fait l'admiration des visiteurs du Cabinet des médailles de la Bibliothèque nationale. Pour l'éternité, espérons-le.