Particularité n Incroyable destin que celui du grand maître du kheloui, El-Hadj M'hamed Bourahla, cet enfant de pure souche de la ville de Sidi-Ali-Mebarek. Il est né le 8 février 1918 au m'qam de Sidi M'hamed à El-Merdja. «Enceinte, sa mère qui se recueillait au mausolée, fut surprise par l'heure de la mise au monde de son bébé. Elle fut aidée par les femmes qui se trouvaient sur place. Elle décida alors de lui donner le prénom de M'hamed. Durant toute sa vie, le cheikh n'a jamais cessé de visiter le mausolée accompagné de son mandole», raconte sa femme. Celle-ci garde d'autres souvenirs de son défunt mari. Fils d'un tebbal et zernadji à Koléa, M'hamed fréquenta très jeune la médersa El-Ihsane de Koléa où il apprit la langue arabe et le Saint Coran. Plus tard, il sera coiffeur. C'est en attendant ses clients qu'il jouait du mandole. Parallèlement, il s'intéresse à la poésie populaire, le melhoune. Bourahla a appris, grâce à cheikh Rebihi, les poèmes de Lakhdar Benkhlouf, Kaddour El-Achouri, Mustapha Driouèche, Cheikh Ben M'asib, El-Kbabti et Mohamed Ben Smaïn. Sentimental et nostalgique, il a pu conquérir des millions de cœurs de mélomanes à travers le pays et même à l'étranger. Il était d'une telle humilité qu'il affirmait que son public était sa grande satisfaction et toute sa fortune. Cheikh Bourahla a été révélé pour la 1re fois lors de son passage à la radio nationale en 1947, à l'âge de 29 ans dans une émission hebdomadaire diffusée en direct avec l'orchestre dirigé par El-Anka. «En fin d'émission, le mandole sous le bras, le cheikh était à chaque fois invité à déguster un café avec El-Anka et M'rizek au café Malakoff à Alger tenu par El-Anka», rapporte Rachid Boukhari dans son livre consacré au chanteur et intitulé Cheikh Bourahla et le style kheloui. El-Hadj El-Anka a alors pris l'habitude de venir souvent le voir chez lui à Koléa. «Ils entretenaient de solides relations depuis 1947. El-Anka venait voir mon père pour lui corriger certaines kacidate et prendre des textes de sa propre bibliothèque», se souvient son fils Ahmed. Il enregistra deux 45 tours en 1955. L'un sur le mode el-ghrib avec la qacida m'dinate el hdhar el aâdra el djazaïr qui a eu un énorme succès commercial en dépit de la censure qui l'avait empêché de passer. La 2e qacida était intitulée Mouda chhal ya da el mersem de Idriss El-Alami. A la télévision, il n'a fait que de rares apparitions. Son orchestre était composé de 4 talentueux musiciens de Koléa : Kouider Kezdri à la guitare, Benaouda Adem au banjo, Abdelkader Gherrous au tambourin (tar) et Mohamed Moumène, dit Pipo, aux percussions (derbouka). En 1964, il occupa un poste de coiffeur à l'hôpital de Frantz-Fanon de Koléa où il donnait des récitals à chaque fin de mois et lors de la célébration de fêtes religieuses ou nationales au profit des malades. C'était une sorte de thérapie pour les malades atteints de troubles psychiques. Plus tard, Le chanteur suivra une formation paramédicale pour être ensuite recruté au service de post-cure dans le même hôpital. Durant toute sa carrière, entamée en 1939, jusqu'à son décès à La Mecque, où il accomplissait le pèlerinage (5e pilier de l'Islam), il a fait montre d'un dévouement sans limite pour la musique. Père de 6 enfants dont 3 filles, cheikh Bourahla a laissé un riche répertoire dont Yama dha sare, Naara alik ya sakane el koliaâ, Ya el hmama. Malheureusement il n'a laissé que deux qacidate télévisées.