L'hôtel Drouot – le premier – a été construit en 1852, dans la rue du même nom. Aujourd'hui, on peut acheter au nouveau Drouot – le bâtiment neuf construit, il y a quinze ans à l'emplacement de l'ancien –, ou à Drouot Montaigne – avenue Montaigne pour les ventes de prestige. Il y a également Drouot Nord, rue Doudeauville, un endroit où l'on achète plus facilement des objets d'utilité courante que des objets d'art. Enfin, si l'on veut faire l'acquisition d'un véhicule, il existe deux espaces spécialisés, l'un à la Plaine-Saint-Denis, et l'autre à Aubervilliers. On y trouve des voitures d'occasion. On vend aussi des tableaux modernes à l'espace Cardin, ainsi que des voitures de collection au Palais des Congrès. On a vendu aussi au Palais Galliera et à l'hôtel George-V. Et n'oublions pas les chevaux de course, qui sont adjugés à Vincennes ou à Longchamp. Pendant la Révolution, les Parisiens purent voir des affiches qui annonçaient la vente des bijoux de l'«Autrichienne», Marie-Antoinette. Les affiches portaient deux noms destinés à devenir célèbres : Musset et Delacroix. Il ne s'agissait pas du poète ni du peintre, mais de leurs pères respectifs. Au moins, celui de Musset, car on sait que la paternité de Delacroix a été – avec à l'appui des arguments troublants attribuée à Talleyrand. On précisait que les étrangers qui se porteraient acquéreurs de pièces portant les chiffres ou les armes des anciens despotes seraient exonérés de droits. Il fallait absolument que tout disparaisse. Les enchères eurent lieu à Versailles car, à l'époque, il n'y avait pas d'hôtel des ventes à Paris. Une nouvelle l0i, celle du 27 ventôse an XI (en 1801), redonne vie à la corporation des commissaires-priseurs. Et les voici en habit noir, chapeau à la française et bas noirs. On les verra à différentes adresses : rue du Bouloi, rue Jean-Jacques-Rousseau, place de la Bourse et rue des Jeûneurs. En 1806, la compagnie des commissaires-priseurs s'installe rue Plâtrière, à l'hôtel Bullion ; puis à l'hôtel de la Bourse, à l'angle de la rue Notre-Dame-des-Victoires et de la place de la Bourse. En 1852, la compagnie fait construire l'hôtel Drouot, près de l'Opéra qui se trouvait alors rue Le Peletier –, à l'emplacement de l'ancien hôtel particulier du magistrat du Pinon-de-Quincy. Depuis la mort de celui-ci, son hôtel était devenu, sous le Premier Empire, une élégante maison meublée qui recevait les hôtes les plus huppés. C'est là que le comte Rzewuski vint loger, dans l'espoir de retrouver sa nièce qui avait disparu dans la tourmente révolutionnaire. C'était la fille de la princesse Lubomirska, guillotinée comme tant d'autres. Il demeura donc à l'hôtel Pinon-de-Quincy, et passa de longues journées à essayer de retrouver la petite orpheline. En vain. Un matin, en jetant un coup d'œil par la fenêtre de sa chambre, il aperçoit dans la cour une jolie servante qui aide une vieille domestique. Intrigué par le visage de la jeune fille, qui provoque chez lui une impression bizarre, il demande à la vieille si elle est la mère de la belle enfant. Mais la servante lui répond que non, ajoutant qu'il s'agit d'une malheureuse dont la mère a été guillotinée pendant la Terreur, et qu'elle a recueillie. Comme on l'aura deviné, il venait, par hasard, de retrouver sa nièce. Il l'emmena par la suite en Pologne, et elle fit là-bas un mariage princier. On a vendu de tout à Drouot, même des lions et des tigres qui restaient après la faillite d'un cirque, même la momie d'un homme qu'on avait découvert dans une armoire. En 1943, on y vendit la ferme du bois de Boulogne, avec ses vaches et ses cochons, sur place. Mais c'est au pavillon de Fl0re et non à l'hôtel des ventes que fut effectuée, en 1887, la vente d'une partie des joyaux de la Couronne, pour quelques milliards de nos francs actuels, exactement 7 097 668 francs de l'époque. Tout cela adjugé d'un coup de marteau d'ivoire, ce fameux marteau qui fut utilisé pour la première fois, en 1830, par Me Bonnefous de Lavialle.